Le fantabuleux blog de Kevo42
Accueil du site > Films > Actualités cinématographiques > Dredd 3D - Pete Travis - 2012

Dredd 3D - Pete Travis - 2012

jeudi 4 octobre 2012, par Kevo42

La démocratisation des trucages est une chance formidable pour le cinéma d’action. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le chemin parcouru entre le Judge Dredd avec Stallone, et ce Dredd avec Karl Urban. Là où le gros budget avait poussé Judge Dredd vers une voie familiale incompréhensible, Dredd profite de son budget relativement limité (50 millions de dollars quand même, c’est pas rien, mais produit par Andrew McDonald, l’homme derrière les films de Danny Boyle jusqu’à Sunshine) pour y aller full retard, et exploser la racaille au pistolet incendiaire. Est-ce que ça en fait un bon film pour autant ? La réponse ci-dessous.

L’histoire :

Dredd est policier, juge, jury et exécuteur, dans la ville de Mega City, regroupant toute la côte Est des Etats-Unis. Mega City, bloc de béton inhumain érigé en réponse à l’apocalypse nucléaire, où nul ne sait qui a le plus de chance : les irradiés de l’autre côté du mur, ou les survivants de ce côté-ci. Face à une criminalité toujours croissante, Dredd ne se pose pas de question. Il est la loi. Et quand on lui assigne une débutante en la personne de la jeune juge Anderson, commence pour lui une longue journée, où le hasard l’amènera à affronter un immeuble de 100 étages rempli de trafiquant de drogues. Défi insurmontable pour tous, la routine pour le Judge.

Une alternative intéressante à the raid.

Commençons par le gros doute qui taraudait tout habitué du bis à la vue de la bande-annonce de Dredd : et si Dredd était un remake déguisé de the raid ? Si vous lisez ce blog, il y a une chance que vous sachiez à quel point j’ai aimé ce film, et à quel point j’étais attentif à ce problème en allant voir le film qui nous intéresse ici.

Commençons par les ressemblances : oui, le principe est en gros le même : des flics pris au piège dans un immeuble, des habitants innocents pris au piège de l’affrontement, une lutte étage par étage, un boss charismatique (ici, Lena Headay, de Game of Thrones, excellente), un laboratoire de drogue et du mraaap mraaap.

Ceci dit, ce principe est suffisamment simple pour permettre de nombreuses variantes : après tout, le huis-clos dans un immeuble est un genre au minimum aussi vieux que Die Hard !

La première grande différence entre Dredd et the Raid, est que les policiers de The Raid savent à quoi ils s’attaquent, pas le Judge. Parti pour une simple enquête de routine (des cadavres écorchés vifs balancés du 100ème étage), le voilà entraîné dans une affaire où il va mettre sa vie en jeu. La différence intéressante est qu’il y a un maigre aspect enquête : le trio composé de Dredd, de la rookie Anderson, et du truand qu’ils ont arrêté dispose de scènes de dialogues qui se suivent bien, montrant que l’affrontement n’est pas que physique : il est aussi psychologique.

La deuxième différence est que Dredd n’a pas de couteau mais un énorme flingue capable de rendre la justice à 100 balles par seconde. Les affrontements dans le film sont beaucoup plus de l’ordre du gunfight que dans the Raid, ce qui plaira à ceux qui n’ont pas trop aimé l’aspect arts martiaux du film indonésien.

Un film sans compromis

En dehors des comparaisons avec the Raid, ce qui séduit le plus dans Dredd, c’est sa capacité à faire plaisir aux fans du personnage créé par John Wagner et Carlos Ezquerra. Sur la forme aussi bien que sur le fond.

Sur la forme car le film est rempli d’action hardcore. Dredd luttant contre des trafiquants d’une drogue faisant voir la vie au ralenti, il n’est pas rare au début de voir des scènes de destruction de décors et de vie humaines en ralenti extrême, avec balle qui rentre d’un côté de la joue pour sortir de l’autre. Je ne vous raconterai pas ce que vous allez voir dans le film, mais sachez que celui-ci vise clairement un public assez âgé : attendez-vous à du sang, à de la nudité, à de la drogue, à de l’immeuble poisseux, et à de la destruction massive. Le film utilise bien son budget limité, en offrant de très belles scènes en slo-mo, mais aussi des scènes plus rythmées et efficaces. La réalisation ne tombe pas dans l’effet de style : le film est sec et sans pitié, et c’est comme ça qu’il doit être. On regrettera juste la non-présence d’un méga-boss de fin de niveau qui puisse vraiment concurrencer le juge, mais une tel personnage aurait été gâché dans un premier film. Après tout, le Joker n’était pas dans Batman Begins.

Sur le fond car le scénario d’Alex Garland (la plage, 28 jours plus tard) n’adoucit en aucun cas le personnage. Dredd est un flic fasciste et mégalithique, ne parlant que par one-liners, qui n’éprouve aucune compassion pour personne. Conscient de l’absurdité de sa tâche (même avec leurs méthodes, les juges ne peuvent même pas régler 10% des crimes, et le choix des affaires à résoudre est laissé au hasard), il ne recule pourtant jamais devant la nécessité de l’accomplir, quel qu’en soit le prix. La ressemblance avec the Raid est de ce point de vue intéressante : si la troupe d’assaut du héros peut avoir un vrai impact dans la lutte anti-drogue, Dredd n’est capable de pacifier (et à quel prix) qu’un immeuble parmi des milliers. Mega City One est un enfer, un feu que personne ne peut éteindre. Le tout avec un humour noir très présent.

Espérons que le film ait le succès espéré, car Garland a promis d’aller plus loin pour la suite, cf cette interview très intéressante  Malheureusement, le film est très très mal parti aux Etats-Unis (10 millions de recettes en deux semaines, ce n’est pas du tout assez), ce qui laisse très peu de chance de voir des pacifistes envoyer des missiles nucléaires sur Mega City One, et encore moins de chances de voir le Judge Death tuer tout le monde.

Et alors, c’est bien ?

Yep, c’est même super. Je ne peux pas juger de la 3D car le film était projeté de manière traditionnelle à l’étrange festival, mais ce que j’ai vu m’a bien plu. C’est un film très simple, sur un flic bête et méchant en guerre contre des truands bêtes et méchants, et tous les innocents autour d’eux meurent de manière atroce. Un film avec beaucoup d’action, des litres de sang, des bandits ultra-lookés, un Karl Urban complètement au service du personnage, aux mâchoires très expressives, avec de l’humour mais jamais de bullshit.

C’est aussi une série B bien punk dans l’esprit, ce qui en fait sa force et sa faiblesse : il plaira à un public très précis (les gens comme moi), et sera sans doute too much pour les autres. Mais parfois, il vaut mieux un public qui vise une cible précise et la touche, qu’un film qui veut trop embrasser pour mal étreindre.

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0