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Winter’s bone - Debra Granik - 2010

lundi 7 mars 2011, par Kevo42

Pour montrer que les oscars ne sont pas réservés qu’aux gros films mettant en scène des gens connus ayant tellement de difficultés dans leurs vies de riches, l’académie n’hésite jamais à mettre un film indépendant parmi les nommés pour le meilleur long-métrage dans l’année. Bien qu’à la fin ce soit le discours d’un roi qui gagne, rien ne nous empêche de jeter un coup d’oeil à ce winter’s bone, reflet de l’amérique qui ne gagne pas trop.

L’histoire :

Ree, 17 ans, vit dans un coin merdique du missouri. Sa mère est catatonique, sa petite soeur et son petit frère trop jeunes pour s’occuper d’eux-mêmes. Quand en plus son père met la maison en caution pour sortir de prison, et disparaît avant le procès, le vase n’est pas loin de déborder. Elle a une semaine pour le retrouver, quitte à ce mettre en danger.


WINTER’S BONE : BANDE-ANNONCE VOST
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Mon avis :

Si vous aimez les trous paumés des Etats-Unis, les visages rongés par l’alcool et la drogue, la country-folk, et les chemises de bucheron, Winter’s bone a toutes les chances de devenir votre film culte.

Le film est construit sur un trou noir, ce Jessup Dolly qui ne nous est connu que par sa disparition. Pour le retrouver, Ree va devoir passer par tous les gens de sa famille, ou proches, qui ont pu le voir, et qui sont tous plus ou moins liés à des affaires sordides de drogue ou autre. Le film rappelle un peu David Lynch sur ce point : plus on avance dans l’enquête, moins on en sait, mais plus on est en danger, et les lieux familiers deviennent étranges : ce n’est donc peut-être pas un hasard si on croise Sheryl Lee dans le film (Laura Palmer dans Twin Peeks, pour ceux qui ont oublié).

L’angoisse policière se mêle à une angoisse sociale : l’héroïne doit prendre tous les risques parce qu’il en va non seulement de sa survie, mais aussi de celles de son frère et de sa soeur. Le film est très réaliste dans son approche de la misère : les voisins qui donnent un coup de main (même si parler de solidarité paraîtrait trop fort), la chasse aux écureuils pour manger de la viande, la meilleure amie mariée à 18 ans à un gros beauf qui écoute du vilain néo-métal, et l’armée comme seule perspective d’une vie meilleure.

Du point de vue réalisation, si on peut reprocher au film de prendre son temps (je ne me suis pas du tout ennuyé, mais mes amis ont plus ou moins trouvé le temps long), et de proposer la combinaison image grise héroïne qui fait la gueule si chère au cinéma français (à quand le remake avec Léa Seydoux), le film s’en sort très bien grâce à trois éléments :

  • Le script est solide. On voit constamment où on va, et l’intrigue policière est une vraie carotte pour le spectateur. Ce n’est pas juste un film social, mais un vrai film policier à la frontière du fantastique.
  • La réalisation est intelligente : si le film prend son temps, et la photographie un peu terne (en même temps, c’est le Missouri, pas Miami), les cadres sont très beaux, la composition des plans très intelligente, et il y a quelques scènes qui claquent bien le beignet.
  • Les acteurs sont tous absolument parfaits (le film a été nommé deux fois aux Oscars pour ses interprètes) : la jeune actrice principale est saisissante et promise à une belle carrière (on va la revoir cet été dans X-men first class, dans le rôle de mystique, ce qui promet), John Hawkes en sosie jeune de Dennis Hopper est troublant, et les seconds rôles à base de femmes alcooliques et de barbus à blousons à aigles sont plus vrais que nature.

Bref si Winter’s bone rappelle les films d’Harmony Korine pour son côté white trash, cet aspect n’est pas le seul centre d’intérêt du film, mais le point d’appui d’une mise en scène rigoureuse au service d’un scénario très solide. Un bon film, quoi.

Liens utiles :

Une critique en anglais qui souligne l’aspect peu crédible des dealers dans le film

Le site officiel un peu momoche du film

Une interview de la réalisatrice sur le site de télérama

Une interview beaucoup plus intéressante de la réalisatrice, mais en anglais

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