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Vu la semaine du 17 au 24 août 2016 : Dernier train pour Busan, Toni Erdmann, Predator, Star Trek sans limites

jeudi 25 août 2016, par Kevo42

Tout comme pour les lectures de la semaine, les vu la semaine auront pour vocation de proposer des mini-critiques de films vus dans la semaine. Rien de prétentieux, mais un avis solidement étayé tout de même. 4 films vus au cinéma cette semaine : ce ne sera pas toujours comme cela, je vous préviens. 2 films d’action, un film de la sélection officielle cannoise, et un chef d’oeuvre immortel du cinéma. Bonne lecture.

Dernier train pour Busan - Sang-Ho Yeon

Un papa qui travaille trop doit prendre le train avec sa fille qui le déteste car elle préfère fêter son anniversaire auprès de sa maman. Au moment de partir, un dernier voyager monte : il s’agit d’une femme qu’une longue éducation au cinéma de genre nous permet d’identifier du premier coup d’oeil comme future zombie. Le trajet du dernier train pour Busan s’annonce mouvementé.

L’affiche annonce le blockbuster de l’été, ce qui est à la fois beaucoup et peu dire alors que personne ne semble avoir vraiment apprécié Suicide Squad, Ghostbusters ou Jason Bourne. Elle a le mérite de situer à quel type de cinéma coréen on a affaire. Si l’on identifie facilement celui-ci à des polars très violents de type The murderer ou Old Boy, on a affaire ici au genre de film qui fait 10 millions d’entrées dans son pays d’origine. Autant dire qu’il ne faut pas y aller en s’attendant à un film de zombie hardcore, mais plutôt à un mélange de film catastrophe et de World war z.

On y retrouve en effet des personnages schématiques mais sympathiques (le père qui doit se racheter, le grand costaud au grand cœur, le chef d’entreprise veule qui manipule les autres, l’équipe de baseball et sa cheerleader) confrontés à des situations extrêmes dans des lieux clos impliquant une prise de décision rapide pouvant mener à la mort du groupe. L’eau qui monte dans les travées du bateau qui coule, ou la paroi d’un tunnel en plein effondrement y sont remplacés par des zombies bien énervés, réagissant au bruit et à la lumière, ce qui amène des scènes d’action qui assurent un bon quota de « oh ! » et de « ah non ça alors ! ».

Le film porte des gros sabots, avec de la violonnade et au moins une scène d’émotion indigne toute droit sortie d’un drama, mais il livre ce qu’il a promis : du spectacle, du rythme, et des personnages qui existent suffisamment pour qu’on vibre à leurs aventures.

Pour paraphraser Taniguchi dans le Gourmet solitaire, le Dernier train pour Busan, c’est comme les soap-land de Hori-no-Uchi, tu sais pourquoi tu y vas, et ça te soulage là où tu l’as voulu.

Toni Erdmann - Maren Ade

Si Vous aimez le mansplaining, vous allez adorer ce film de Dadsplaining. Winfried sent que sa fille Ines, qui travaille pour un grand groupe de consultant en ressources humaines (comprendre qu’elle est là pour virer des gens) en Roumanie revient de moins en moins souvent au pays et avec de moins en moins d’entrain. Il décide donc de la rejoindre à Bucarest, où il se crée le personnage de Toni Erdmann. Accumulant les situations de gêne tel François l’embrouille projeté dans un film de Cassavetes, il va essayer de faire comprendre à sa fille que non, se laisser humilier pour avoir une promotion ce n’est pas bien, et que non, virer des gens pour de l’argent ce n’est pas très Charlie non plus.

Alors qu’à peu près toute la presse, y compris des personnes de grande qualité comme Carine Trenteun a loué ce film pour son aspect comique et son grand cœur, j’ai ressenti durant la séance un grand malaise. En empathie avec le personnage féminin, j’ai souffert de la manière dont ce père dont elle pensait s’être débarrassée vient pour détruire avec une grande application tout ce qu’elle a tenté d’entreprendre, lors d’une semaine capitale pour elle. L’héroïne a 37 ans et travaille dans un milieu déshumanisant en plus d’être machiste. J’ai envie de dire : à chacun son truc après tout. A-t-elle vraiment besoin que son père fasse tout le trajet pour lui expliquer que non, il ne faut pas passer à côté des choses essentielles, avec les enfants qui apprennent à faire du vélo et tout et tout ? Je ne sais pas. A la fin, on en arrive à des situations de malaise comme on en avait pas vues depuis les Idiots de Lars von Trier, mais filmées avec beaucoup de premier degré.

Je n’irai pas jusqu’à dire que le film est complètement raté, mais j’ai beaucoup de mal avec les forceurs et avec les gens qui font n’importe quoi, et encore plus de mal avec l’idée que ce serait bien de traiter les problèmes ainsi.

Après visuellement, on se trouve dans la bonne moyenne du film d’auteur à lumière moche mais bien interprété. Au bout de dix minutes, on sait que ce sera un peu trop long et gris et on l’accepte très bien. Le problème fondamental pour moi tient vraiment au principe même du film, mais si pour vous la caméra cachée est un genre moral, je dis pourquoi pas.

Predator – John McTiernam

L’un des grands films de John McTiernam ressort en salles en copie neuve et c’est une très bonne chose. D’un point de vue technique, si on est bien content de revoir le film dans d’aussi bonnes conditions, on regrettera un mixage sonore assez bizarre au niveau des dialogues et certains plans au rendu assez flou, ce qui est bien étrange.

D’un point de vue cinéma, il faut bien dire qu’on est là face à un chef d’oeuvre absolu. Petit point pitch pour ceux qui ne l’auraient jamais vu : Dutch (Schwarzenegger, très bien bâti) et son équipe sont engagés par Dillon (Carl Weather, très en forme lui aussi) pour retrouver un ministre écrasé au milieu d’une jungle sud-américaine contrôlée par les guérilleros. Problème : le lieu est aussi le terrain de chasse du predator, un extraterrestre pas franchement sympa.

Le récit de Prédator est très concis en mots (essentiellement des one-liners, du genre que l’on apprend par cœur), mais très structuré. Les transitions sont fluides, avec trois actes très différents dans l’action. Le premier acte pose la puissance du groupe. Le deuxième la puissance du predator. Le dernier acte est l’affrontement entre Schwarzenegger et le prédator. C’est très simple et en même temps assez merveilleux, car le récit gagne constamment en puissance.

Au niveau des images, McTiernam oscille entre deux pôles : d’un côté la mise en valeur du mouvement au cœur de la jungle, avec une caméra très mobile qui va d’un membre du groupe à l’autre, d’un autre côté la mise en valeur de la force de personnages tout en muscles filmés dans des poses à la Frazetta. Tout ceci est parfaitement fluide et admirable et n’a rien perdu en efficacité depuis sa sortie. Si quelques effets de mise en scène avec cascadeurs expulsés par explosions font un peu années 80, la plupart des cadres ont ceci de remarquable qu’ils semblent parfaitement naturels tant ils sont justes.

Les personnages sont charismatiques, les scènes sont mémorables, Schwarzenegger a rarement été aussi bien utilisé et le monstre a encore bien la classe. C’est Predator quoi, un chef d’oeuvre. Si vous ne l’avez jamais vu, allez le voir, si vous l’avez déjà vu, retournez le voir car sur grand écran dans une belle copie, on prend une sacrée claque.

Star Trek - sans limites - Justin Lin

Le capitaine Kirk et Spock ont le blues. Kirk est devenu plus vieux que son père, ne trouve plus de sens à sa mission et souhaite intégrer une station spatiale fixe. Spock vient de recevoir l’annonce de la mort du vieux Spock (celui de la série télé) et hésite à devenir ambassadeur vulcain, maintenant qu’il en l’un des rares représentants encore en vie.

Heureusement, l’arrivée d’une exploratrice en danger va réveiller le sens de l’aventure des membres de l’entreprise, causer la mort de dizaines de t-shirts rouges, et menacer l’avenir de l’humanité.

Après que J.J. Abrahms ait redémarré la série en proposant la même chose qu’avant avec des lens-flares et plus d’action (voir ma critique de Star Trek into darkness), on attendait de Justin Lin l’ouverture vers un nouvel horizon et une aventure sans limite.

Et en fait non.

Le film part très bien, avec des stations et vaisseaux spatiaux filmés avec beaucoup d’amour et d’imagination. La caméra frôle les structures, s’enroule autour des strates de la station qui s’entremêlent, le tout renforcé par une 3d pas extraordinaire mais qui nous aide à nous immerger dans le film. Et puis, après une bataille spatiale laissant nos héros en fâcheuse posture, le film s’échoue sur une planète dont il ne repartira que trop tard.

Star Trek - sans limites, aurait aussi pu s’appeler Star Trek carrière abandonnée, tant le décor central de la planète minière est aussi peu intéressant qu’une planète procédurée de No Man Sky, extraterrestres boiteux en moins.

Le film a la bonne idée de séparer les membres de l’équipe pour donner à chacun son moment de bravoure, et propose en Soufia Boutella une recrue de qualité, son personnage étant très frais. Il est aussi malheureusement beaucoup trop sage dans son intrigue. Non seulement on a l’impression d’assister à une journée ordinaire dans la vie du Capitaine Kirk, mais cette journée ne nous dépayse pas beaucoup non plus. Attend-on vraiment de Star Trek une scène d’action en moto ? Enfin, le méchant ne pèse pas bien lourd, ce qui est un peu la marque de fabrique de cette saga. Il y a pourtant eu de très bons acteurs, avec Eric Bana, Benedict Cumberbatch et aujourd’hui Idriss Elba, mais on a beaucoup de mal à s’intéresser à leurs histoires.

Star Trek - sans limites est donc malheureusement assez limité. Ne le fuyez pas pour autant si quelqu’un vous le propose. On n’a pas tous les jours la possibilité de voir des vaisseaux spatiaux exploser en rythme avec le wooooooooooooooooooooooooo de Sabotage.

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