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Thor : le monde des ténèbres - Alan Taylor

dimanche 3 novembre 2013, par Kevo42

La phase 2 des séries Marvel continue et après un Iron Man 3 qui n’a pas beaucoup fait avancer l’histoire, voici venir Thor, muscles saillants en avant pour nous montrer que le Nord le fait mieux.

Après un premier épisode de triste mémoire, ce monde des ténèbres va-t-il redresser le marteau ? C’est ce que nous allons voir.

Les Elfes noirs sont des gens à la cool. Ils aiment les ténèbres, écouter du Mortiis peinard, et tresser des nattes dans leurs blancs cheveux. Problème, depuis qu’il existe de la lumière, et des mondes remplis de dieux nordiques, leur tranquillité et la taille de leur population ont fortement diminué. Heureusement, grâce à un alignement opportun des planètes et à une Natalie Portman un peu trop curieuse, ils vont revenir, et ils ne sont pas contents.

Espace, frontière de l’infini

Pendant des années, les adaptations des films de super-héros ont été honteuses. Pas au sens où leur résultat était mauvais, mais au sens où les réalisateurs gommaient les aspects les plus étranges des bandes-dessinées. L’exemple le plus typique en est la première trilogie X-Men, avec ses costumes tout noirs parce que le jaune effraie. D’ailleurs, on a toujours pas vu le costume de Serval / Wolverine à l’écran.

Mais, si on met de côté Iron Man 3, le film de super-héros qui s’excuse constamment d’être un film de super-héros, on peut constater que les scénaristes de ces films se libèrent de plus en plus, ouvrant petit à petit la boîte de pandore des délires que les vrais fans de comics connaissent bien.

L’espace, le cosmique, sont l’exemple parfait de ce relâchement. Vous avez aimez le prologue de Man of Steel façon Métal Hurlant ? Bien, parce que ce nouveau Thor embrasse complètement cette direction.

L’univers de Thor n’est pas des plus simples : d’abord, il y a différents mondes. Ensuite, il y a des dieux nordiques mais néanmoins multi-ethniques. Plus un héros qui vole en faisant tournoyer son marteau.

Le premier film tentait d’éviter la difficulté : passé le prologue, vilain décalque du seigneur des anneaux, tout se passait dans trois décors : le pont arc en ciel des petits poneys, le palais qui brille, et une petite ville perdue du Nouveau Mexique.

Le nouveau film embrasse la dimension spatiale dans tout son côté excessif : je ne sais pas si un crossover est prévu avec Star Wars est prévu, mais Thor : le monde des ténèbres est un film qui contient des vaisseaux spatiaux et des sabres lasers (à moins que ce ne soit simplement des épées qui brillent très fort). Ce n’est pas tout : ces navettes géantes sont pilotées par des Elfes noirs au design situé quelque part entre le true black metal et Bioman. Si on y ajoute une ou deux autres réjouissantes créatures dont un géant de pierre, en plus du décorum déjà assez chargé du palais d’Asgard, on peut dire que ce film approche des niveaux de mauvais goût décomplexé des Chroniques de Riddick (même si, attention, à part Bayonetta, rien ne va plus loin dans le kitsch que le chef d’oeuvre de David Twohy).

Et bien tant mieux. Je suis pour ce genre de délire. Et je dirai même plus. J’espère sincèrement que la Fox va en prendre de la graine, et amener les Pirates de l’espace et la princesse Lilandra dans un prochain X-Men, et faire s’affronter les Quatre Fantastiques, les Skrulls et les Krees.

Si vous pensez comme moi, je vous préviens : la première séquence post-générique (il y en a deux) va vous rendre très heureux.

Black holes and revelations

L’aspect S-F de ce Thor se révèle sous un autre aspect des plus réjouissants : les anomalies gravitationnelles. Toute l’intrigue du film repose en effet sur un événement cosmique des plus rares, où les mondes sont alignés, au risque de se chevaucher. Ceci amène des zones de gravité corrompue, ainsi que des mini portails de téléportations.

Cette scène a une triple utilité :

- permettre à Natalie Portman de servir à quelque chose, dans une sous-intrigue qui mettra en scène Darcy et Erik Selvig dans des gags relativement sympathiques (il y a même un caméo de Chris O’Dowd)

- opérer un placement produit à base de Lucozade (si je l’ai bien identifié) qui fera plaisir aux vieux fans de Superfrog.

- nous gratifier d’une scène aussi poétique que complètement pompée sur le court-métrage Beyond de Koji Morimoto, que vous avez pu voir dans Animatrix. Petit rappel pour ceux qui l’ont vu il y a longtemps : on y voyait une jeune femme chercher son chat, échappé dans un zone buggée de la matrice. Ce bug, repéré par des enfants laissait apparaître des objets de nulle part, permettait de sauter de très haut sans s’écraser, ce genre de choses.

Bon, et bien, vous avez la même scène dans Thor. Le geek au gros cœur que je suis s’en est évidemment offusqué, mais il faut avouer que cette scène n’est pas gratuite. Autant les frères Wachowski n’avaient pas cru bon de récupérer l’idée de glitch dans les suites de Matrix (et c’est bien dommage), autant le combat final tire pleinement parti de ces trous dimensionnels, et ce d’une façon tout à fait jubilatoire. Conclusion : bien joué Marvel.

Mon Moki, le Loki de tous les Lokiki

On dit qu’un film d’action vaut essentiellement par son méchant, et celui de Thor est par essence Loki. Il s’agit pourtant de son troisième film, et on pourrait se lasser, raison pour laquelle le méchant officiel est Malekith, joué par Christopher Eccleston. L’acteur anglais dont on se souvient pour sa prestation inquiétante dans Petits meurtres entre amis, ce qui ne nous rajeunit pas, n’a pas grand chose à faire, tel Erik Bana dans le premier Star Trek.

C’est que l’on imagine la pression des Hiddlestoners : si vous n’avez pas conscience du phénomène, tapez Hiddlestoner sur google, et préparez-vous à avoir peur.

Le phénomène Loki pose un gros problème quand à l’idée que l’on peut se faire des femmes au XXIème siècle. Je rappelle que Loki est le dieu de la fourberie, un homme dont on sait que chaque mot sera un mensonge, mais auquel on fait quand même confiance parce qu’on ne sait jamais de quelle façon il va mentir. Le genre de Dieu capable de kidnapper un bébé pour faire tomber le dieu du rêve. Et c’est de lui que les jeunes femmes tombent amoureuses ? Très bien, mais alors ne venez pas vous plaindre quand, arrivées à 40 ans, vous découvrirez que votre mari mène une double vie et possède une autre famille dans une autre ville (#TeamMitterrand).

Bref, Loki fait tout pour contenter ses fans : cheveux tombants sur les épaules, regard mouillé, petit sourire triste, mais aussi et surtout de la ruse et de la trahison à tous les étages. Il vole toutes les scènes dans lesquelles il apparaît et constitue un duo très agréable avec le très sérieux, naïf et premier degré Thor.

Et alors c’est bien ?

Bah ouais, c’est pas mal du tout. Bien mieux en tout cas que la grosse daube de Kenneth Branagh dont la principale scène d’action était une divine crise cardiaque dans un escalier. Le film est très premier degré, la direction artistique plus axée sur les masques en plastique et les monstres que sur les paillettes, et la bataille finale est un peu plus originale que la moyenne. Les fans de Thor devraient donc être contents.

En plus Thor porte un poncho, ce qui est très fashion conscious

Ceci étant dit, on est tout de même très loin du chef d’oeuvre : on sent que le film vise les enfants, ce qui se traduit par des blagues avec le retour de Darcy qui est un peu plus drôle que dans le premier, et surtout par un cruel manque de puissance. Les bagarres, les images de synthèse de trucs qui explosent ne mettent pas du tout la pression. Il manque un John Milius pour donner une vraie ampleur à ce que l’on voit. Et puis, peut-être est-ce parce que j’ai vu Redline juste avant qui est un film fou, mais le film est comme toujours un peu plat en terme de mise en scène. Les scènes de bagarre sont notamment pas toujours super lisibles. Un film Marvel, quoi.

Au final, ce Thor : le monde des ténèbres se situe plutôt dans le haut du panier des films Marvel : les fans du comics ne se sentiront pas violés, les demoiselles seront ravies de voir le torse de Chris Hemsworth, Natalie Portman minauder et Tom Hiddlestone faire son petit sourire. Une bonne surprise.

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