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The Raid : redemption - Gareth Evans - 2012

mercredi 4 avril 2012, par Kevo42

Il y a deux types de personnes dans la vie : ceux qui ont vu la bande-annonce de the Raid, et ceux qui ne l’ont pas vue. Moi, je l’ai vue, et en plus j’ai vu le film entier. Et vous savez quoi ? C’est un chef d’oeuvre ! Pourquoi ? Je vais vous l’expliquer.

L’histoire :

Indonésie : un groupe de policiers de l’équivalent local du raid part à l’assaut d’un immeuble tenu par un trafiquant de drogue extrêmement dangereux. Ce qui part comme une mission d’infiltration va se terminer en mega tatanne de la mort, et en coups de couteau dans la nuque. Bref, the raid : redemption pourrait aussi s’appeler : the raid : un film de mecs.

Si vous n’avez pas vu la bande-annonce, vous pouvez vous contenter de me croire : ça tue, et vous allez vous en prendre plein la tête.

Si vous ne pouvez pas attendre jusqu’à juin, la bande-annonce qui fait baver est quand même là.

Mon avis :

Qu’est-ce qu’un chef d’oeuvre ? A l’origine, c’est un objet particulièrement complexe, réalisé par les compagnons du tour de France (les artisans, pas les cyclistes) pour symboliser la fin de leur apprentissage, et montrer tout ce qu’ils sont capable de faire. Le but : créer un objet parfait, c’est à dire accompli, qui ne peut être mieux fait dans ce qu’il cherche à être.

De ce point de vue, the Raid est un chef d’oeuvre, un film parfait. Parce qu’il atteint la perfection dans son genre, qui est le film de frappage de tête contre le parquet. Si vous n’aimez pas le cinéma d’action, n’y allez pas. C’est le principe du cinéma de genre : dans son genre, Blue Valentine est un film parfait, parce qu’il réalise son but, qui est de nous émouvoir. Il y a des films à Oscar, il y a des films pour le festival de Cannes, et il y a des films comme the Raid, qui font applaudir et crier la foule quand Iko Uwais plante son couteau dans la jambe d’un gredin. C’est la vie. Si vous acceptez ce principe, passons au point le plus important : pourquoi Gareth Evans fait de si bons films ?

The Raid est à l’origine un projet secondaire. Après Meranteau, le réalisateur Gallois voulait tourner une production plus importante, remplie de cascades audacieuses. Problème, pas de budget. Donc, faire un film simple dans un décor simple. Juste un immeuble, des flics, des os brisés. L’histoire se termine bien : le scénario non filmé deviendra la suite, gagnant en profondeur à l’occasion.

Pour réussir the Raid, Evans a un atout dans sa manche, il s’appelle Iko Uwais. Expliquons. Nous sommes en angleterre, Gareth Evans a fini l’école de cinéma. Il galère pour tourner. Sa femme a des contacts dans son pays natal pour tourner un documentaire sur un art martial appelé le Silat. Evans découvre alors Iko Uwais, champion national et livreur pour une société de télécom. Ensemble, ils décident de tourner un premier film appelé Merantau, qui est paraît-il impressionnant mais très perfectible techniquement. Bref, il y a du potentiel, mais reste à le concrétiser.

C’est là que l’idée de faire un film modeste devient une idée géniale. The Raid est un film simple, au sens d’épuré. L’histoire est extrêmement schématique, mais elle est parfaitement compréhensible, et ses enjeux sont passionnants : trahis, poursuivis, en sous-nombre, comment nos policiers vont-ils survivre ?

Surtout, le film a été passé au bullshit detector, pour avoir un film dépourvu de scories. Pas de méchant frimeur, pas de héros qui tape des serpents pour frimer, pas de colombe qui vole, pas d’intrigue incompréhensible avec des chinois qui parlent espagnols, pas de pop cantonaise, pas d’éléphant à secourir. Surtout, le film fait vrai. L’immeuble est pourri. Les méchants pas glamour. Les flics héroïques, mais avec retenue. Il y a de la misère plein l’écran. Des indonésiens cramés à dreadlocks. Evans a tout compris : il s’inspire de Carpenter et de Walter Hill, joue sur la tension, profite de son décor, explore l’immeuble de fond en comble. L’intrigue du film est certes modeste, mais elle est ultra-cohérente : il suffit de repenser au navrant scénario d’A bout portant (pour rappel : Gérard Lanvin en flic pourri, Gilles Lelouche en héros de film d’action, et une femme enceinte par la fenêtre) pour voir à quel point ceci est important.

Cette intrigue, cette tension, ne seraient rien bien sûr sans des scènes d’action qui frappent dur. La grande qualité du film est évidemment là. Premier point, les situations sont variées : il y a des fusillades, de la baston au couteau, à mains nues, différents styles de combat, des configurations très diverses. Surtout, il y a cette impression constante de vivre un fantasme de films d’action qui se réalise : chaque scène amène un nouveau problème, de plus en plus grand, on en chie vraiment avec nos héros, et il y a cette sensation de satiété qu’on a rarement l’occasion de vivre au cinéma : le bon nombre de figurants pour que ce soit impressionnant, la bonne durée de scène pour qu’on en ait pris plein la tronche. On est gâté.

Deuxième point, c’est beau. La réalisation est très sobre, et le film n’a pas énormément de money shots (ces plans très compliqués, très chers qui marquent l’esprit, comme la scène de fast five où une voiture fracasse un train, par exemple). Mais elle a deux énormes qualités : tout d’abord elle est à la fois nerveuse, dynamique, et parfaitement lisible. Deuxièmement, elle comprend que le plus fort des effets spéciaux, ce sont les acteurs.

Ils sont en effet complètement fous. On a pris l’habitude avec les films thaïlandais de voir des choses très fortes, mais en voir au service d’une bonne histoire, bien filmée, c’est encore mieux. On apprécie toutes ces cascades démentes, ces chorégraphies de fous furieux d’autant mieux qu’on sait qu’on regarde un bon film. Et puis il y a Iko Uwais, hyper charismatique, hyper bourrin, mortel. Il propose quelques finishing move qui ont fait se lever la salle. La baston finale notamment rentre facile dans le top 10 des meilleurs combats jamais filmés. Simplement parfaite.

Bref, the Raid est un film d’action très intelligent. Tout ce qui jouait contre lui, l’inexpérience relative de son réalisateur et de ses acteurs, son manque de budget, a été retourné comme une crêpe pour en faire un triomphe : il est rare de voir un film être à ce point en adéquation entre les moyens dont il dispose et ce qu’il vise (Attack the block était déjà bien de ce point de vue, mais The Raid en fait encore plus et encore mieux). On attend donc avec impatience de voir ce que Gareth Evans va nous proposer pour la suite, qui s’annonce explosive, et les projets qui suivront. Mais même si le futur venait à nous décevoir, rien ne nous empêchera de revoir, encore et encore, ce rêve de cinéma d’action.

Le film passe en avant-première à Lyon le mercredi 4 avril dans le cadre de l’excellent festival Hallucinations collectives, qui pour le coup a rarement aussi bien porté son nom. Allez-y !!! Si vous n’êtes pas sur Lyon, il faudra attendre le 20 juin pour la sortie officielle sur grand écran.

Pour en savoir plus sur ce magnifique film, vous pouvez lire le millier d’article que l’excellent site Twitch (qui est associé à la production) à consacré à ce film

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