Le fantabuleux blog de Kevo42
Accueil du site > Films > Actualités cinématographiques > Ted - Seth MacFarlane - 2012

Ted - Seth MacFarlane - 2012

mardi 25 septembre 2012, par Kevo42

J’ai profité de la venue de Mark Wahlberg sur Paris pour aller voir Ted en avant première. L’acteur américain avait un très beau costume, et nous a dit que Ted était vraiment le film le plus drôle qu’il ait fait de sa vie, et que vraiment on avait de la chance de le voir, sur ce c’est pas tout mais je suis garé en double file au-revoir. Mais est-ce vraiment si drôle ? Le créateur de family guy et american dad a-t-il réussi son passage de NRJ 12 au cinéma ? Les réponses à ces questions ci-dessous.

L’histoire

John McFarlane (Mark Wahlberg) a 8 ans, et personne ne l’aime. Alors pour Noël, il fait le vœu d’avoir un ami qui jamais ne le quitterait. Au réveil, l’ours en peluche est devenu vivant. 25 ans plus tard, l’ours est devenu une star puis un has-been, et John a une vie tranquille : une petite amie sexy (Mila Kunis) , un boulot pépère (loueur de voiture, avec possibilité de devenir chef d’agence s’il merde pas trop). Problème : à tout cela, John préfère glander et fumer des gros pétards avec son pote Ted l’ours en peluche. Il va falloir faire un choix : devenir adulte, ou rester dans l’enfance.

Mon avis

Avant de commencer, je voudrais attirer l’attention sur l’incroyable travail de sagouin accompli sur la bande-annonce. Est-ce parce qu’il était difficile d’avoir des gags montrables à toute la famille ? Toujours est-il que la bande-annonce de Ted est la première à ne comporter aucun des gags du film. Pas le moindre. Pourtant, le film n’en manque pas. Est-ce pour autant un bon film ? C’est plus compliqué que cela.

Car Ted est un film qui illustre assez bien la schizophrénie dont souffre la comédie américaine actuelle (et je dis actuelle car je n’ai pas assez de recul pour savoir si ce problème se posait déjà dans le passé ou pas).

Pour faire simple, Ted souffre du syndrôme Very bad trip : tu peux aller aussi loin dans le délire que tu veux, à la fin, il faut que le héros soit de retour à la maison à l’heure pour se marier et vivre une vie pleine d’enfants et d’impôts sur le revenu. Or, dans le cas de Ted, ce syndrôme amène à une véritable contradiction.

Un film qui ose ...

A ma gauche : Ted, le film qui a peur de rien. Le film a trois sources de gags :

1 – Ted est un ours en peluche qui dit des gros mots, baise tout ce qui bouge, boit de la bière, et fume des pétards 2 – Le monde est rempli de connards cyniques, où écraser son prochain, ne pas faire son travail sont des qualités et non des défauts. 3 – Le héros vit encore dans des référentiels d’adolescence : aux figurines de Steve Carell dans 40 ans toujours puceau répond ici la fascination pour le Flash Gordon de Mike Hodges

En gros. Et c’est bien. On rit pas mal et certaines scènes sont vraiment très drôles, très crues, très cyniques, et le public en est content.

... mais pas trop quand même

A ma droite : Ted, le film familial.

La vraie intrigue, celle qui fait que le film n’est pas qu’une accumulation de gags est basée sur deux moteurs :

1 – Mila Kunis va-t-elle attendre que Mark Wahlberg assume son passage à l’âge adulte, ou va-t-elle craquer pour son patron qui est riche et la drague ouvertement ? 2 – Une sous-intrigue à base de Giovanni Ribisi (excellent, comme toujours, dans un rôle très ingrat), que je ne peux dévoiler ici, mais qui amène le film dans une direction bizarre sur la fin, assez en rupture avec le ton général du film.

Le problème, c’est que ces deux sous-intrigues puent le manuel de scénario hollywoodien à dix kilomètres. Tout est prévisible une demi-heure à l’avance, et surtout tout est conformiste et dégoulinant de bons sentiments. Comprendre que Meg Ryan aurait pas été choquée de tourner dans le film si elle avait été plus jeune. C’est à ce point.

Pour un résultat assez mitigé

Du coup, cette opposition fait beaucoup de mal au film car

1 – le moteur de l’action est incompréhensible : pourquoi Mark Wahlberg s’embête pour une femme aussi fade (et en plus Mila Kunis joue plutôt mal) alors que tous les aspects drôles et étonnants viennent de son ami Ted ? 2 – ce conformisme est complètement contre-productif : pour chaque blague méchante, il y a comme un panneau pour te dire : attention, c’est mal d’être méchant, en vrai. A la fin, le film n’est provocateur qu’envers les faibles : les has-been (une sale blague sur Susan Boyle), les pauvres (le personnage de Giovanni Ribisi), etc. Aucune institution remise en question.

Le film laisse au final un goût amer dans la bouche : pour un gag hilarant impliquant James Franco (enfin, d’une certaine manière), on est obligé de se manger pas mal de meringue. Pour une provocation, on a deux rappels à l’ordre. Surtout, le film multiplie les clins d’oeil aux geeks, pour leur dire de grandir au final. Quand même on leur concède in fine le droit de faire une blague de pet de temps en temps. Merci beaucoup. Drôle de morale.

Le point qui ne trompe pas : Studio-CinéLive a adoré.

A lire : un article très intelligent sur le film écrit par quelqu’un qui a l’air très intelligent 

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0