La bagarre
The amazing Spider-Man : le destin d’un héros
Je n’ai pas vu le premier film donc je risque de me tromper. Si j’ai tout compris, à la fin du premier film, Peter Parker est Spider-Man (jusque-là, je pense avoir bon), a triomphé du lézard, et s’est rendu compte que son père a disparu car il effectuait des recherches scientifiques ayant à voir avec la mutation.
Pendant ce temps, Peter Parker a aussi eu le temps de séduire la fille du commissaire, Gwen Stacy, mais de grands pouvoirs entraînant une grande responsabilité, il va dans cette suite choisir entre la mettre en danger ou se priver de son amour.
Par ailleurs, on trouvera aussi Electro, le Rhino, et Harry Osbourne, auquel on ne peut trop faire confiance, et ce d’autant plus qu’il est joué par Dane De Haan, très remarqué dans Chronicle et The Place Beyond the pines pour sa capacité à jouer des jeunes hommes au bord de la crise de nerf.
Est-ce que ça fait envie ?
J’étais très sceptique concernant le premier épisode, étant donné que j’aurais préféré que l’on laisse Sam Raimi faire les films dont il avait envie, comme lors du second épisode, dont je garde un souvenir émerveillé (et que j’évite de revoir pour cette raison-même).
Les retours que j’en ai eu ont à la fois confirmé et infirmé mes soupçons, dans le sens où l’on m’a dit que ce serait mieux que les films avec Tobey Maguire, mais pas extraordinaire pour autant. Me voilà bien embêté.
Je suis tout autant dans l’embarras à la vue de cette bande-annonce : même si j’imagine que le film ne sera pas une horrible pourriture, je n’en ressens toujours pas la nécessité. Je suis bien content de voir apparaître quelques méchants classiques et pas encore adaptés comme Electro ou Rhino, mais ils n’ont pas l’air très intéressants dans cet univers. Pire encore, je n’ai pas envie de voir les Osborn se transformer en bouffon vert : j’ai déjà vu ce film, et même si le costume était raté, je n’ai pas envie de le revoir.
Bref, tel Pénélope refusant de refaire sa vie car n’ayant jamais pu faire le deuil d’Ulysse, ces nouveaux films viennent trop tôt pour moi, pour une vision qui n’est pas assez différente des anciens pour que j’aie envie de les voir.
Ceci dit, il paraît que la 3d est très chouette, donc peut-être irai-je le voir quand même.
A conseiller à tous ceux qui rêvent de bouffer du Spider-Man jusqu’en 2050, parce que Sony va le faire, quoi qu’il arrive.
Man of Tai Chi – Keanu Reeves
Keanu Reeves est un méchant qui organise des tournois où les gens se font mal. Le héros lui fait du Tai Chi. Va-t-il faire bobo aux autres ?
Est-ce que ça fait envie ?
Les acteurs qui passent à la réalisation nourrissent souvent de grands desseins : adapter une pièce de théâtre qui leur tient à cœur, tourner dans des films qui les mettent en avant, montrer une nouvelle facette de leur personnalité.
Keanu Reeves, lui, a juste décidé de rendre hommage aux films de kickboxers des années 90, genre porté et incarné par Jean-Claude Van Damme.
Man of Tai Chi est un film qui devait au départ servir à expérimenter une technique de caméra assistée par ordinateur assez extraordinaire :
Mais ce support de caméra était trop compliqué à transporter à l’endroit où le film se tournait, et a donc été mis de côté.
Man of Tai Chi est un film dans lequel joue Iko Uwais, la star de The Raid, mais dont le héros est en réalité l’un des chefs chorégraphes des suites de Matrix, dont la coupe de cheveux improbable n’est pas sans rappeler le fantasque mathématicien Cédric Villani
Bref, on peut avoir toute la sympathie du monde pour le triste Keanu et ne pas avoir envie de voir ce Man of Tai Chi, qui a l’étoffe d’un direct to dvd, et dont les partis pris de chorégraphie semblent en retard de dix ans sur ce qui se fait de mieux actuellement.
A conseiller à ceux qui pensent que le charisme n’est pas la qualité la plus importante pour un héros.
Je ne dirai pas que ce film est bon. Je ne dirai pas non plus qu’il est mauvais. Je dirai : mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Citation de Frank Henenlotter à propos de Devil Story (le DVD est encore en vente).
Une lettre ne s’écrit pas – Guillaume Levil
Le résumé d’Allociné est tellement beau et 100% bullshit que je suis obligé de vous le retranscrire tel quel : « Julien et Nina établissent un pacte avec l’univers : il doivent profiter de la vie, quel qu’en soit le prix. Cette décision les mènera-t-elle au bonheur, ou au contraire à leur disparition ? »
En réalité, deux amis décident de ne jamais faire deux fois la même action, ce qui les amène essentiellement à se promener nus dans la ville, en se prenant très au sérieux. L’homme est malade de la mort, ce qui les amène à se poser de multiples questions (et à se promener nus, aussi).
Est-ce que ça fait envie ?
Pour paraphraser Julien Lepers, je dirais : oui, oui, oui, oui, oui, oui, c’est beau, ça.
On tient là un film qui a le potentiel d’un Alice et les Désirs. On assiste là à la totale du film ultra indépendant voué à l’échec : exaltation de la liberté qui passe par des gens nus, phrases pseudo-philosophiques nombrilistes à la ramasse, réalisation amateur et acteurs approximatifs.
Le film passe au Brady, et encore pas tous les soirs, donc il va falloir faire vite.
Une séance que, avec un peu de chance, vous pourrez raconter à vos petits-enfants.
J’hésite presque à m’inscrire sur un site de sortie collective pour en faire la publicité.
A conseiller à ceux qui écoutent Fauve au premier degré.
Une conversation animée avec Noam Chomsky – Michel Gondry
Michel Gondry parle linguistique et sens de la vie avec Noam Chomsky, et comme il est sympa, il nous en fait profiter.
Est-ce que ça fait envie ?
Faîtes-vous partie de ces gens qui griffonnent pendant leurs conversations téléphoniques ? Il semblerait que ce soit le cas de Michel Gondry, et il a même décidé d’en faire un film.
Le dispositif est intéressant : il est difficile de se concentrer sur une personne qui parle à la caméra pendant 01h30, et ce n’est pas très cinématographique. En illustrant, Gondry va essayer à la fois de nous aider à comprendre le propos et à la fois de nous faire partager son point de vue sur le discours de Chomsky. Comme si la compréhension que nous pourrions avoir des propos était déjà pré mâchée par le cerveau fou de Gondry.
Autant dire que ce ne sera pas aussi accessible que le Frelon vert, d’autant plus que Gondry a un style de dessin seventies assez moche.
Mine de rien, on a beau reprocher, à raison, à Gondry d’avoir des tics visuels, ce genre de projet nous rappelle aussi sa liberté et la diversité de sa filmographie.
A conseiller à Stanley Cavell qui maintenant va demander son film à Terrence Malick (qui a été son élève). Attention à ne pas finir coupé au montage, Stan !
3 X 3 D – Peter Greenaway, Jean-Luc Godard, Edgar Pera
3 courts métrages pour explorer une autre façon d’utiliser la 3D.
Est-ce que ça fait envie ?
Les nouvelles technologies servent souvent dans un premier temps dans des blockbusters, avant d’investir petit à petit le cinéma d’auteur, qui va les détourner. Bien après le documentaire de Wim Wenders en 3D sur Pina Bausch (qui n’était pas entièrement convaincant, mais la technique y avait un intérêt réel), voilà donc les premiers pas de Peter Greenaway et Jean-Luc Godard (et d’Edgar Pera dont vous avez vu tous les films, j’imagine).
Je vous mentirai en disant que tout ceci semble avoir le moindre intérêt. Mais il s’agit peut-être de la seule fois de votre vie où vous pourrez écouter du Julien Clerc en 3D et puis, ce sera toujours moins long que de voir Adieu au langage.
A conseiller à ceux qui pensent que ces auteurs ont leur place dans un musée !
Le film qui vous laissera Livide
Aux yeux des vivants – Julien Maury, Alexandre Bustillo
Deux jeunes adolescents font les 400 coups. Ils découvrent une personne kidnappée dans le coffre d’une voiture garée dans un endroit déserté. Apparemment, l’entité qui en était responsable n’en est pas très contente.
Est-ce que ça fait envie ?
Anciens rédacteurs de Mad Movies, Julien Maury et Alexandre Bustillo semblent être sur le point de trouver leur style, très personnel, entre gore (A l’intérieur) et poésie (Livide).
Cette bande-annonce est plutôt prometteuse : on a plaisir à voir Anne Marivin dans ce contexte, l’action a l’air sans compromis, la lumière belle, l’ambiance légèrement éthérée, et le boogeyman plutôt joli.
En plus, bien qu’il soit produit par Metaluna (fanzine devenu magazine) et distribué par Tanzi distribution (qui est un distributeur de passion, mais qui ne va pas diffuser dix milles copies de ses films), le film n’a pas l’air cheap du tout. Espérons qu’il sera plus facile à voir que Goal of the dead, autre film très prometteur mais très peu accessible.
A conseiller aux fans de Lucio Fulci et d’horreur seventies dans l’ensemble.
Les dossiers de l’écran
Last days of summer – Jason Reitman
Un homme condamné pour meurtre s’échappe de prison et kidnappe Kate Winslet et son fils.
Une sorte de remake du American murder de Amir Shervan, où le charismatique Robert Z’Dar aurait été remplacé par Josh Brolin.
Est-ce que ça fait envie ?
Un ami me parlait de Jason Reitman comme d’un réalisateur qui choisirait ses thèmes dans les magazines d’actualité, chacun de ses films correspondant à un fait de société.
Si l’on suit ce raisonnement, on pourrait penser qu’il a lu récemment C’est dit ou autre magazine de témoignage trash pour femmes : « je suis tombée amoureuse d’un tuer en cavale : il était gentil avec mon fils ».
Une fois ceci dit, que penser de ce crossover entre Sur la route de Madison et Un monde parfait ? Pas grand chose, sinon que l’on a l’air de se situer dans la moyenne solide et centriste du film de personnages, et que l’on a toujours plaisir à retrouver Kate Winslet et Josh Brolin.
Je pense que l’on atteint là le point Anne Fontaine du film qui ne donne pas franchement envie mais qui au final se révèle ne pas avoir été si déplaisant, une fois vu.
A conseiller à Patricia Hearst
24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi – Alexandre Arcady
Récit consacré à l’affaire Ilan Halimi, enlevé, torturé et assassiné (désolé pour le spoiler) par le gang des barbares, qui le pensait riche car juif.
Est-ce que ça fait envie ?
L’affaire Ilan Halimi a eu un grand retentissement à son époque (2006, ce n’est pas si vieux non plus), et en parler au cinéma, dans le contexte actuel, est particulièrement périlleux.
D’un côté, on a une affaire qui rappelle beaucoup de faits divers, comme celui qui a inspiré l’Appât de Bertrand Tavernier. D’un autre côté, il y a l’aspect confessionnel qui rentre en ligne de compte, et complique tout : la victime était juive, le tueur musulman.
Par conséquent il y a une double pression :
certains juifs vont brandir l’affaire en étendard en disant : voyez le climat d’insécurité dans lequel nous vivons, et la haine des musulmans envers les juifs. Certains musulmans vont accuser les juifs de pornographie mémorielle, et de mettre en avant toute affaire les concernant alors que les faits-divers concernant des musulmans seront étouffés
Le seul moyen de sortir de ce climat pourri serait, à mon sens, de faire un film hyper objectif voire behavioriste, sans psychologie, comme ont pu le faire Kathryn Bigelow pour Zero Dark Thirty ou récemment Kelly Reichardt pour Night moves. Cela impliquerait de suivre la bande de Youssouf Fofana en amont, voire comment ces gens sont séduits par ce fou, comment ils sombrent dans l’inacceptable, petit à petit. Ne pas juger, mais comprendre.
Maintenant, il y a le film que l’on nous vend. Et dès la première image montrant Zabou incarnant la mère d’Illan Halimi s’adressant au spectateur, on sait que ce n’est pas ce qui nous attend. Le long-métrage est tiré du récit de cette mère, et de tous les points de vue, c’est celui qui a le plus de chances de nous emmener dans l’émotion voire la putasserie.
Si on y ajoute le fait que le film est réalisé par Alexandre Arcady, qui contrairement à son fils, a mis le Judaïsme au cœur de son cinéma, pas toujours de manière bien subtile, on peut craindre le pire : un film sûr de son bon droit, qui ne nous apprendra rien.
Et puis, au delà de l’analyse sociologique que l’on peut en faire, la bande-annonce laisse présager d’un film tout pourri avec des acteurs qui jouent mal, et ça, bah forcément, cela ne fait pas envie.
A conseiller aux vieux supporteurs de l’AS Monaco(attention, ce lien contient des images de Luc Sonor)
Les films qui sentent bon la viande
Barbecue – Eric Lavaine
Tout est dans le titre. Il s’agit d’un film sur des gens qui mangent des plats préparés sur un barbecue. Un film qui devrait passionner les français, qui, pour la plupart, sont des gens et aiment les grillades, si on en croit les dernières études publiées par l’INSEE.
Est-ce que ça fait envie ?
Est – ce une stratégie commerciale originale ou un manque de confiance dans le matériau : le film semble ne pas avoir de bande-annonce mais seulement des teasers, correspondants à des aspects très particuliers du film. On apprécie cette volonté de ne pas griller l’intrigue, que l’on imagine palpitante, d’autant plus que le héros, joué par Lambert Wilson n’y est pas trop mis en avant.
On peut quand même se demander pourquoi cet épisode spécial de Scènes de ménage avec des vedettes a les honneurs d’une diffusion au cinéma, alors que les précédentes soirées basées sur ce principe étaient restées confinées à M6.
De même, il y a forcément un souci quand la seule chose un peu positive que l’on ait envie de dire est que Frank Dubosc a l’air d’être le meilleur acteur du film.
Du coup, je me pose des questions : d’un côté, le sujet et le casting devraient attirer beaucoup de monde. D’un autre côté, j’ai vu tous les teasers, et je ne sais pas ce qui pourrait donner envie à quiconque de le voir.
Je pouvais imaginer un public avide de voir une rencontre, mais là, non.
Maintenant, nous vivons dans un pays où Fiston a fait 1,9 M d’entrées, et Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? 1,7 M en première semaine, donc tout est possible.
A conseiller à George Foreman
Joe -David Gordon Green
Un adolescent (joué par Tye Sheridan, à retrouver dans le denier numéro de SoFilm) nouvellement arrivé dans le Texas rencontre Nicolas Cage, qui est barbu et charismatique. Problème, le vrai père de l’enfant, violent et voleur, n’aime pas trop voir son fils traîner avec l’homme le plus populaire de le internet.
Ainsi, et pour paraphraser PJ Harvey : « And there was trouble, taking place ».
Est- ce que ça fait envie ?
Les films de David Gordon Green sortent en grappe, ce qui nous donne l’impression que le réalisateur de Pineapple Express et Your Highness sort un film toutes les deux semaines. Joe pourrait, à cause de sa localisation, et à cause de son aspect indépendant, constituer un diptyque avec Prince of Texas.
Le choix de l’acteur rappelle aussi évidemment Mud, mais avec plus de fusillade, et un jeu moins intérieur de la part de Nicolas Cage que de la part de Matthew McConaughey.
La bande-annonce ne nous fait pas rêver avec son histoire de rédemption et de jeune en quête d’une figure paternelle, mais Nicolas Cage nous a tellement habitué récemment à jouer dans des films impossibles que l’on ne peut que se réjouir de le voir dans une œuvre qui ait l’air un minimum intéressante.
A conseiller à ceux qui savent que barbe = danger.
Le cinéma du milieu mais ici à la fin
Le dernier diamant – Eric Barbier
Bérénice Béjo organise la ventre d’un diamant très précieux, mais aussi très convoité. Elle est aidée par Yvan Attal, chargé de superviser sa sécurité. Problème, le charismatique mari de Charlotte Gainsbourg n’est pas celui qu’il paraît être.
Est-ce que ça fait envie ?
Le réalisateur du Serpent revient avec un nouveau polar. On se situe dans le genre bien balisé du film d’arnaque, où chaque personnage cache de quoi occasionner au moins trois twists avant la fin.
Le Serpent avait plutôt bonne réputation, donc j’imagine que ce dernier diamant pourrait se révéler être un bon film, mais la bande-annonce ne réussit pas vraiment à le vendre.
On peut même dire que l’on n’en a rien à faire. Deux possibilités à cela : il est possible que le film repose sur un scénario dense mais peu spectaculaire visuellement, ce qui ne peut pas bien se vendre dans une bande-annonce, comme il est possible que ce soit juste un vilain polar téléfilm avec Yvan Attal.
A conseiller à ceux dont la patience a des limites mais il ne faut pas exagérer.
Pas son genre – Lucas Belvaux
Clément est professeur de philosophie. Il tombe amoureux d’Emilie Dequenne qui est esthéticienne. Si par professeur de philosophie on entend un homme sérieux, qui pense de manière abstraite par des concepts, et si par coiffeuse on entend une femme qui porte des vêtements colorés, danse la zumba et fonctionne au feeling, alors comment la rencontre des deux pourrait amener à la vie bonne car juste ?
Vous avez 01h51
Est-ce que ça fait envie ?
Lucas Belvaux a réalisé des films réputés dans différents genres. Sans aller jusqu’à dire que ses films sont attendus, on peut tout de même dire qu’il existe des personnes qui, arrivées devant le cinéma, diront : « oh, un nouveau film de Lucas Belvaux ! Allons le voir ! »
La bande-annonce de Pas son genre est à ce titre un vrai drame : elle est toute pourrie. Qu’un film de Liza Azuelos ait l’air cruche, c’est entendu. Mais ici, on a l’impression de voir quelqu’un qui veut ne pas réaliser une comédie romantique basique, en proposant un couple qui sort de l’ordinaire, confronté à des problèmes de la vraie vie, mais qui en même temps tombe dans tous les clichés de la comédie romantique mélangé à ceux du drame mettant en scène des intellectuels parisiens.
Autant dire que je n’ai pas franchement envie de voir ce film.
A conseiller à celles qui cherchent un homme sérieux, qui aime sortir, avec le sens de l’humour.