Le film de boum-boum approuvé par le ministère de l’homme
Die Hard : une belle journée pour mourir – John Moore
John McLane se fait conduire à l’aéroport par sa fille qui est en fait Ramon Flowers sans perruque rose (ni verte, ni bleue). Il doit rejoindre son fils à Moscou. Sauf qu’en fait son fils est un agent secret de la mort, et du coup Mraaap Mraap Boum Mraaap Mraap Boum Yippie Kay Yeah, et une femme Russe irréelle qui enlève une combinaison en cuir avec l’air salace, car les femmes Russes sont comme ça, je l’ai vu dans les films d’Hervé de Bodilis, donc c’est vrai.
Est-ce que ça fait envie ?
La bande-annonce pourrait être celle de n’importe quel film d’action, tant rien ne semble rattacher ce Die Hard à la trilogie initiale (je n’ai pas vu le 4, mais je pense que c’est mieux ainsi). Au moins la bande-annonce envoie du lourd, mais on peut être très méfiant car la bande-annonce de Max Payne du même réalisateur en promettait aussi beaucoup, pour au final se révéler tout pourri.
John Moore a la réputation d’un faiseur intéressé par le style et pas par le scénario. Et quand la bande-annonce ne contient pas de dialogue, ce n’est pas toujours bon style.
Le fait de toute tristesse :
Pendant ce temps, John McTiernan est en prison. Saleté de Rollerball.
Le sponsoring qui pose question :
Pourquoi, John, pourquoi ?
La question existentielle :
Qui a le plus de charisme ?
ou
J’ai une préférence pour le mérou. Et vous ?
A conseiller aux fans de Code Apocalypse, un super film d’action avec Vincent Pérez en méchant et une héroïne Russe habillée en cuir ou en sous-vêtement, parce que c’est ça la Russie éternelle !
Les comédies pouet-pouet
La vraie vie des Profs – Emmanuel Klotz, Albert Pereira Lazaro
Des collégiens en difficulté tant comportementale que scolaire rejoignent le journal du collège. Ils décident de pousser l’investigation sur le comportement des professeurs, et découvrent qu’Audrey Fleurot a de gros atouts. Super scoop.
Est-ce que ça fait envie ?
Je n’ai jamais été fan des Lascars (mais je ne déteste pas non plus, je n’en ai vu que un ou deux), mais je n’aurais pas imaginé les voir faire un film destiné à un public très précis, situé je pense entre 12 et 16 ans. Les gags ont l’air très gamins (oh le prof de musique est un ancien punk, trop LOL PTDR), et en même temps assez mature (Audrey Fleurot qui détruit la pièce en plein coït). Comme un symbole de l’adolescence.
Pour toute autre personne, je pense que ce film est à éviter avec un fort empressement.
Le sponsoring logique :
Le film est sponsorisé par Skyrock et les skyblogs, et franchement, ça fait sens. Presqu’autant que le film de curling norvégien sponsorisé par des badges nantais.
La course à l’armement :
Après les Beaux Gosses et LOL, deux succès très différents contant les années collège - lycée, on a eu droit à l’Elève Ducobu (école primaire), à ce film (collège) , et bientôt on va avoir les Profs (lycée), le nouveau film de PEF. Soit deux adaptations de bande-dessinée, et trois grosses daubes. Merci, et bravo.
A conseiller aux nostalgiques du P.R.O.F.Sde Patrick Schulmann.
Vive la France – Michaël Youn
Deux benêts d’un pays imaginaire (le Taboulistan) sont envoyés perpétrer un attentat à Paris. Problème, l’avion les emmène en Corse, et ils devront traverser la France pour arriver à leur but. A moins que le charme de la vie Occidentale ne change leur plan.
Est-ce que ça fait envie ?
Michaël Youn est au cinéma comique, ce que les Yé-yés étaient au rock : un décalque amoindri de ce qui se fait aux Etats-Unis. Après avoir « rendu hommage » à Jackass dans les Onze commandements, et aux comédiens issus du Saturday night live dans Fatal , c’est maintenant à Borat que Youn s’en prend. Alors évidemment, le décalque n’est pas total : Sasha Baron Cohen se servait de son personnage pour interroger la mauvaise conscience américaine et montrer son anatomie, tandis que le road trip Younien semble plus s’apparenter au tour de Gaule d’Astérix. En tout cas, vu le sujet et la présence de costumes idiots sur l’affiche, Youn a aussi vu four lions, et on l’en félicite. Après tout pourquoi pas. Certains font des blogs, d’autres des films : l’important est de partager sa passion pour le cinéma.
Le mec qui bouffe à tous les rateliers :
Youn est tellement à fond qu’il a même fait un Harlem shake. Je suis sûr qu’il a un service documentation chargé de lui trouver tous les trucs cools pour qu’il puisse les copier.
A ne pas conseiller aux gens qui aiment bien quand José Garcia joue des rôles sérieux (genre le Couperet, ou Extension du domaine de la lutte où il était fantastique). Par contre à conseiller aux gens qui aiment bien quand il fait sa tête de niais (et c’est vrai qu’il a une bonne tête).
Les films sérieux avec un message.
Elefanto Blanco – Pablo Trapero
Deux prêtres amis, un bidonville en Argentine, un hôpital en construction, la guerre des gangs, et le désir en plus. Rien n’est simple.
Est-ce que ça fait envie ?
Ca a l’air bien, ouép. Il y a Ricardo Darin, grosse star en Argentine (enfin, je suppose : c’est l’acteur principal de neuf reines et dans ses yeux, ce qui n’est pas rien), et Jérémie Renier. Surtout, il y a une histoire qui a l’air bien, avec du drame, de la tension, des pauvres et des curés. Le tout a l’air bien filmé. En plus, le précédent film de Trapero, Carrancho, avait l’air déjà plutôt cool, à l’époque. Donc, pour une fois qu’un film Argentin ne semble pas destiné qu’au public du MK2 Beaubourg, autant y aller.
A conseiller à Benoît XVI : maintenant qu’il n’est plus pape, il va avoir du temps pour retourner au cinéma.
Syngué Sabour : Pierre de patience – Atiq Rahimi
Adaptation du prix Goncourt 2008 par son auteur. Je n’ai pas tout compris à la bande-annonce, mais avec l’aide de la description, tout devient clair. L’histoire donc d’une femme en Afghanistan, qui explique sa vie à son mari dans le coma, et donc inerte. Une vie difficile, pleine de viol et d’humiliation, mais quand on peut en parler, on se sent déjà mieux.
Est-ce que ça fait envie ?
L’histoire est originale en tout cas. Maintenant, est-ce que ça va faire un bon film ? Beaucoup d’adaptations littéraires édulcorent ou passent à côté de ce que peut être un roman. Par exemple, le film tiré de la tache de Philip Roth, est fade jusqu’à l’inconfort. Là, le film est adapté par son auteur, donc la question est différente : un écrivain peut-il être un bon réalisateur ? Quand on voit ce que Houellebecq a fait, le diagnostic n’est pas forcément enthousiasmant.
Franchement, je n’ai aucune idée de la qualité de ce film. Je suppose qu’il faudra le voir pour le savoir.
Le sujet a beaucoup de risques : celui du pathos, celui de chercher à être un film à thèse sur la beauté des femmes, ou d’être juste un sale film d’auteur ennuyeux. Tout de même, je suis un peu curieux.
La coïncidence du calendrier :
Bizarrement, le film sort la même semaine que Vive la France, avec ses terroristes islamistes, misogynes et gogols. Si Syngué Sabour semble ramener le sujet sur le terrain de l’horrible réalité (« dis que tu es une prostituée pour ne pas être violée ») , ils semblent tous les deux, à leur manière, signifier que l’amour peut guérir les hommes violents. Une belle leçon d’humanité.
A conseiller aux femmes des années 2010, mais femmes jusqu’au bout du voile.
La demora (le retour) – Rodrigo Pla
Une femme doit s’occuper de son père atteint de la maladie d’Alzheimer, et que l’on habite en Iran, en France, ou en Amérique du Sud, ce n’est pas facile.
Est-ce que ça fait envie ?
Le réalisateur de la Zona revient avec un film dont je n’ai pas grand chose à dire. La bande-annonce est pas particulièrement vendeuse, sans être repoussante non plus. La critique sur IMDB annonce un film très dur, rempli de décisions extrêmes prise sous la contrainte de la misère et de la maladie.
Si c’est votre truc, vous allez aimer.
A conseiller aux amateurs de films d’Alzheimersploitation
Les chevaux de Dieu – Nabil Ayouch
Deux jeunes marocains grandissent dans la misère et le crime, jusqu’à être récupérés par les extrémistes musulmans, qui vont en faire de potentiels martyrs.
Est-ce que ça fait envie ?
Il est toujours intéressant de voir ce type de thème abordés. Il est vrai aussi qu’on est gâté cette semaine en matière de films sérieux abordant de grands thèmes. On a vu pas mal d’histoires de deux garçons qui grandissent pour aller dans des directions différentes et extrêmes, donc nous ne sommes pas non plus en territoire inconnu.
Là encore, il est très difficile pour moi de vous dire si le film a l’air bon ou pas, parce que j’ai l’impression que c’est le genre de film qui est plus intéressant pour ce qu’il représente, c’est à dire un discours sur l’intégrisme qui vient directement d’un pays touché par le phénomène, que pour ce qu’il est vraiment.
A conseiller à tous ceux qui disent à leur enfant : tu seras un homme mon F.I.S. (ce jeu de mot est un hommage à Jean Roucas).
Lore – Cate Shortland
Dans la catégorie bande-annonce abstraite, je demande Lore de Cate Shortland. Bonne pioche ! Alors il y a la fin de la seconde guerre mondiale, une photo déchirée du Führer, un rescapé des camps de concentration, des frôlements de main, et des oiseaux qui volent.
Un film poétique, donc.
Est-ce que ça fait envie ?
Il y a beaucoup de films parlant de la seconde guerre mondiale. Un peu moins parlant de l’après guerre. Cate Shortland semble avoir choisi la voie de la chronique adolescente Sofia Coppolesque, Terrence Malickienne.
Ca m’intéresse pas plus que cela, mais ce sera très bien en film du jour sur MUBI.
A conseiller à Usul, le grand frère de la poésie.
Les documentaires militants mais plus ou moins grand public
Des abeilles et des hommes – Markus Imhoof
Les abeilles meurent, et pourtant les abeilles sont belles : aimons-les !
Est-ce que ça fait envie ?
Le film a deux arguments de poids pour être un parfait produit pour médiathèque :
1 – les images d’animaux ont l’air très impressionnantes. On dirait un trucage pour les travellings avec les abeilles, tellement c’est beau.
2 – il s’agit d’un film qui dénonce avec un sujet intéressant, pas inconnu du public, mais pas non plus surexposé : le bouleversement de l’écosystème à travers une espèce qui fait partie intégrante de notre vie de tous les jours.
Est-ce que je l’achèterai pour le travail ? Oui. Est-ce que j’irai le voir au cinéma ? C’est peu probable. Mais je ne serai pas étonné que le film ait un petit succès.
A conseiller à Maya, l’abeille qui parle et qui chante, ce qui prouve que déjà à l’époque quelque chose ne tournait pas rond.
Chimpanzés - Mark Linfield, Alastair Fothergill
L’histoire d’un jeune chimpanzé qui perd ses parents et doit apprendre à vivre. Un documentaire animalier avec une narration, en somme.
Est-ce que ça fait envie ?
J’ai un peu peur. Disney oblige, le plaisir de passer une heure trente avec des singes semble mis à mal par la perspective d’un choix de musique rempli de pathos, et un scénario tout droit sorti de Bambi. Tout ça pour dire que la réalité dépasse la fiction, et que les animaux ne sont pas si différents de nous.
Personnellement, cela ne me touche pas trop, et je préférerais un film entier commenté par l’homme du honey badger que ce genre de produit.
A conseiller aux gens tristes de voir les singes au zoo, prisonniers de cage trop petites.
5 caméras brisées – Ernad Burnat, Guy Davidi
L’histoire des Israëliens qui construisent un mur chez les Palestiniens. Les Palestiniens ne sont pas contents et ont des pierres, tandis que les Israëliens ont des matraques.
Une belle histoire d’amitié entre les peuples, par delà leurs différences, en somme.
Est-ce que ça fait envie ?
Témoignage brut, ce documentaire a l’air très fort dans ce qu’il montre, et en même temps, complètement anti-Israëlien. Ce qui est logique, si on n’a que le témoignage du pauvre paysan Palestinien qui se retrouve exproprié de ses terres. Quand on voit le bazar que ça crée à Notre Dame des Landes, on peut imaginer l’agitation que cela crée entre deux peuples en guerre.
Est-ce que cela éclairera mieux le conflit ? Pas sûr.
A conseiller aux gens qui aiment les caméras détruites à coup de matraque.
Les dessins-animés pour les n’enfants
Pinocchio - Enzo d’Alo
Le reboot de la marionnette qui voulait devenir un enfant. Allez Pinocchio, dis un gros mensonge !
Est-ce que ça fait envie ?
Le problème du nouveau film du réalisateur de la mouette et le chat semble être son positionnement : le film est adapté de la version dessinée par Mattotti, qui est un dieu de la bande-dessinée surréaliste et chamarrée, et donc semble plutôt s’adresser à un public adulte. Dans un même temps, il semble aussi très fade dans son traitement de l’histoire, avec des chansons, et un dessin lisse.
Résultat, comme le tableau de Laguionie, ce long-métrage risque de ne s’adresser à personne.
De toute façon, je n’ai jamais pu supporter cette histoire.
Pour en savoir plus sur Mattotti :
Une belle émission où il présente son travail
A conseiller à tous ceux qui gardent en mémoire le segment au crocodile de Peur du noir, qui était vraiment très beau, et représentait mieux le style de Mattotti.
Monstres pas si monstrueux – Divers
Encore une compilation de courts-métrages indépendants pour enfants curieux.
Est-ce que ça fait envie ?
Ce programme rassemble différentes techniques d’animations, pour différents rendus, et de toute façon, les enfants voudront aller voir Hotel Transylvannia, donc est-ce vraiment la peine de s’embêter avec tous ces courts-métrages ?
Ce n’est pas toujours facile d’être indépendant.
A conseiller aux gens qui aiment les monstres qui ne font pas peur (encore que je ne savais pas que les poules étaient des monstres. En même temps, ne nous disait-on pas dans le sadique aux dents rougesqu’il n’y a rien de plus cruel qu’une poule ?)
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