Deux approches différentes de l’art de briser des cous
The grandmaster – Wong-Kar Wai
Ip Man vu par Wong-Kar Wai : des regards qui se croisent, avant de se faire écraser par des poings de fer.
Est-ce que ça fait envie ?
Wong Kar Wai ou l’exception culturelle chinoise. Comme Terrence Malick, il a budget et temps de tournage illimité : tout ce qu’on lui demande est de réaliser au final de grands films. Comme toujours, son indécision risque de jouer des tours au film (d’après ce que j’ai lu, certains personnages qui ont l’air importants n’apparaissent que quelques scènes, il existe plusieurs montages du film, bref, c’est le bazar), mais soyons honnêtes : ça a l’air booooooooooooooooooooo.
Ip Man, ce héros au regard si doux :
The grandmaster est à peu près le cinquantième film à sortir en quelques années sur Ip Man (ou Yip Man, suivant les transcriptions, ou hip hip hip man pour les rugbymen). D’où la question : pourquoi ? Bon ok, il était fort, et il a appris le kung-fu à Bruce Lee qui était le meilleur, mais il n’y a pas que lui quand même !
A conseiller à ceux qui sont plus Tigre et Dragon que Dans le cou le néon
Parker – Taylor Hackford
Parker est un voleur. Lorsque ses coéquipiers le trahissent, il décide de se venger. En même temps, c’est Jason Statham, c’est moins surprenant que s’il avait été joué par Mathieu Amalric.
Est-ce que ça fait envie ?
Parker est un film adapté de Donald Westlake (prestige), par un réalisateur qui a fait des films reconnus comme l’associé du diable ou Ray (prestige). Il contient un casting plutôt cool, avec J-Lo from the block, Michael Chiklis, et un Nick Nolte qui semble toujours plus proche de la cirrhose du foie.
Mais tout cela n’a aucune importance, car Parker semble avant tout être un Jason Tatane movie de base, avec tranchant de la main dans la carotide et punch-line un peu vaseuses.
Résultat, aux Etats-Unis, le film est passé complètement inaperçu, et il a de bonnes chances de subir le même sort en France. Par contre, il pourrait être un succès de vidéo si les gens achetaient encore des dvds. Disons qu’il sera très fortement téléchargé sur the pirate bay.
A conseiller aux gens qui se font des marathons le transporteur, en étant toujours surpris par l’inventivité des situations de ces films.
Les films qui ont l’air bien faits mais ne déclenchent pas non plus un enthousiasme débordant.
Les gamins – Anthony Marciano
Max Boublil doit se marier avec la fille d’Alain Chabat. Problème : en pleine crise de la cinquantaine, ce dernier veut tout laisser tomber et l’entraîner dans une sorte d’enterrement de vie de garçon perpétuel. Parce que comme le disait si bien Jodie Foster dans moi, fleur bleue (http://www.youtube.com/watch?v=q2z0...) , il faut cueillir dès à présent, les roses de la vie.
Est-ce que ça fait envie ?
Vous connaissez tous dans votre entourage des fans du saturday night live et de Judd Apatow et de séries comme Community et Parks and recreations. Ils peuvent avoir l’air normaux, bien intégrés à la société, mais il suffit d’un écart pour que surgissent les « wow, that escalated quickly », et autres « Gaaaaaaaaaaaaaaaaaaayyyyyyyyyy ». Alain Chabat est le meilleur d’entre eux : depuis vingt ans, il transpose inlassablement les meilleurs concepts américains en France. Et bon, des fois, il craque, nous fait un petit Turf, et puis le Marsupilami, c’était pas génial génial, mais globalement, il assure.
Donc, là, honnêtement, ça a l’air sympa. On imagine bien un remake avec Michael Cera et Steve Carrell, et c’est exactement le but recherché.
Alain Chabat ce héros maudit :
Il y a un portrait assez étonnant d’Alain Chabat en perdant magnifique dans le dernier numéro de SoFilm. Où on apprend son incapacité à dire non, son indécision maladive, sa capacité à s’attacher à des gens de manière très intense avant de les laisser de côté, et au fond, une certaine solitude. C’est vraiment intéressant.
A conseiller à ceux qui ont su surmonter leur aversion envers Clovis Cornillac et Manu Payet pour aller voir Radiostars et qui depuis essaient de convaincre les incrédules que ce film n’est vraiment pas aussi pourri que ça. Parce que bon, on parle d’un film avec Max Boublil en vedette, là.
Promised Land – Gus Van Sant
Un représentant sillonne les Etats-Unis pour vendre le rêve du forage de gaz de schiste. Mais face à l’obstination d’un village qui résiste envers et contre tout à l’envahisseur romain, il va revenir peu à peu sur ses positions.
Est-ce que ça fait envie ?
Il y a deux Gus Van Sant : celui qui fait des films abstraits avec des gens qui marchent et meurent à la fin, et celui qui fait des films grand public assez didactiques sur des sujets un peu sérieux. Après Will Hunting, il retrouve Matt Damon, qui a là aussi co-écrit le script. Et c’est sûrement très bien, et tout, mais je n’ai aucune envie de voir ce film. La bande-annonce laisse à penser que l’on en connaît déjà toutes les étapes : l’enfant du pays qui s’est perdu, et va retrouver au contact des vrais gens le goût de l’humanité, et qui va finir par lutter contre la multinationale qui est méchante.
On dirait un film de George Clooney.
A conseiller à ceux qui ne sont pas allés au cinéma depuis Erin Brockovitch.
Les films qui semblent avoir été crées par le cube maléfique de Hellraiser
Les profs – Pierre François Martin Laval
Adaptation semble-t-il très fidèle de la bande-dessinée du même nom.
Est-ce que ça fait envie ?
Personnellement, c’est le genre de films qui me rend un peu triste. J’ai vraiment aimé les Robins des bois, et PEF en particulier, quand il faisait Van Loc, ou l’avocat fou qui maltraitait sa secrétaire en jouant du flutiau. Dans la bande-annonce de ce Profs, on voit bien son goût pour les gags visuels et loufoques, mais on en dirait une version dégradée, ôtée de toute poésie ou étrangeté. Et bon, déjà que les Robins des Bois ça passait bien parce que c’était court, du sous Robin des bois pendant 1h30 tartiné de cliché sur les profs qui comme chacun le sait sont des fous et fainéants, ça ressemble pas mal à une certaine vision de l’enfer (l’autre étant bien sûr les âmes vagabondes).
L’actrice méritante :
En plus d’être très jolie, Stefi Celma a déjà joué sous la direction de deux anciens Robins des bois, puisqu’elle était aussi dans Pas très normales activités. Bientôt dans une pub 118 218 ?
A conseiller aux gens qui ont du mal à se concentrer plus de deux minutes.
Les âmes vagabondes – Andrew Niccol
Les extra-terrestres ont envahi la terre, mais au lieu de tout défoncer comme dans Oblivion, ils préfèrent fusionner avec des humains, et déclencher des triangles amoureux avec regard perdu dans le vide du désert du grand canyon. C’est une adaptation de Stephenie Meyer.
Est-ce que ça fait envie ?
Pas même en cauchemar. J’ai échappé à Twilight, alors il n’y a aucune chance que j’aille voir une autre œuvre qui de l’avis général, n’est pas aussi forte. D’aprèsle très bon site Twitch, le film est du genre à vous dégoûter du cinéma, et j’ai déjà fait mon quota de ce genre de film avec une histoire d’amour et Moebius.
D’ailleurs, il y a une morale : si Twilight a cartonné, tous les films qui essaient de profiter de son succès se plantent : Sublimes créatures a ramassé ses dents, et ces Ames vagabondes sont loin de déclencher les passions outre-atlantiques. Problème : on aura peut-être quand même droit aux suites car le film n’a pas coûté très cher : faut dire que filmer trois ados qui regardent dans le lointain avec pour seul effet spécial des pupilles made in photoshop, ce n’est pas trop compliqué à faire. Franchement, je ne sais pas ce qui serait le pire pour la pauvre Saoirse Ronan (qui est une jeune actrice qui était vraiment très bien dans Hanna et les chemins de la liberté) : que le film soit un échec complet qui ruine sa carrière, ou qu’elle soit obligée d’en tourner les suites.
Andrew Niccol, qu’es-tu devenu ?
A l’époque de Gattaca, tout le monde promettait un avenir brillant à Andrew Niccol. Mais depuis l’échec de Lord of War, il a tenté de reconquérir le cœur des studios avec Time Out, film d’action assez bête avec Justin Timberlake en beau costume, et ces âmes vagabondes de sinistre réputation. De manière intéressante, son passé de réalisateur de science-fiction sert de caution à ces deux films, alors même que sa touche personnelle ne semble plus s’exprimer que par un amour immodéré pour les costumes cravates, et les tailleurs.
A conseiller à ta petite sœur et aux membres du hate club de Diane Kruger, qui après un plan parfait, trouveront une nouvelle raison de la détester.
Blackie et Kanuto – Francis Nielsen
Encore une histoire d’animaux dans l’espace. Cette fois-ci, il s’agit d’un mouton. Ca change des singes, mouches et autres chiens.
Est-ce que ça fait envie ?
Si vous êtes fans des horreurs produites par Joseph Lai , ou si tout simplement vous détestez les enfants, ce film n’a pas l’air mal du tout. Que l’histoire soit nulle, bon ok, c’est pour les enfants, mais en plus de cela, le dessin a l’air hideux, presque flippant. Je crains la nuit à venir et les mauvais rêves que va m’apporter la vision de ce mouton aux paupières trop maquillées.
Bah !
Vu qu’en plus, niveau animation et texture, on a pas l’air trop loin d’un foodfight, on va peut-être gentiment laissé ce film de côté et aller voir d’autres choses. Par exemple the act of killing. Ca a toujours l’air moins traumatisant.
A conseiller au monteur de la bande-annonce, qui, comme en témoigne l’écran noir apparaissant à partir d’une minute trente, est tombé dans le coma après avoir terminé son travail. C’est beau l’abnégation.
Le film qui te rappelle que les vacances scolaires arrivent
Tad l’explorateur : à la recherche de la cité perdue – Enrique Gato
Tad a toujours rêvé d’être un grand archéologue, mais il est devenu maçon. Pourtant, quand une découverte exceptionnelle s’offre à lui, il n’hésite pas à tout laisser tomber pour partir à l’aventure. Pour tous publics.
Est-ce que ça fait envie ?
Les visages très ronds des personnages font très BD jeunesse, et ce n’est pas un hasard. Là où les dessins animés américains semblent très décidés à s’adresser à tout le monde sauf à des enfants, ce long-métrage espagnol semble proposer une action trépidante pour toute la famille, y compris le papa qui sera très intéressé par le décolleté en 3d de l’aventurière qui aide notre héros.
Sont forts, quand même.
A conseiller aux parents qui en ont marre que leurs enfants regardent le Marsupilami en boucle.
Bonus :
En hommage à Chi Cheng qui nous a quitté cette semaine après un long coma, un extrait du deuxième the crow, où les deftones faisaient une svelte apparition.
L’occasion de se rappeler qu’entre la caméra virevoltante, et le jeu d’acteur de Vincent Perez, le film n’a peut-être pas souffert que de son remontage sévère par les studios.
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