Le fantabuleux blog de Kevo42

Sorties cinéma du 09 avril 2014

mercredi 9 avril 2014, par Kevo42

De retour de l’escale du livre de Bordeaux (et j’espère que vous avez aimé les bilans écrits sur twitter), gorgé de littérature et de bande-dessinée, me voilà prêt à affronter les sorties cinéma et surtout le retour au travail après plus de deux semaines de vacances.

Tristesse, tristesse, désolation, mes larmes vont engloutir ce monde.

Cette semaine, on a quatre très grosses sorties dans des domaines radicalement différents, ce qui devrait fort réjouir les exploitants des salles de cinéma. Au moins, eux seront heureux, tandis que je continuerai à traîner mon mal-être.

Je me sens parfois si FRAGILE.

Les quatre cavaliers de l’apocalypse

Noé – Darren Aronofsky

Quand Dieu décide de détruire l’humanité pour recommencer la création à zéro, il choisit Russel Crowe pour nous représenter. Tout de suite, on comprend mieux l’état de notre monde.

Est-ce que ça fait envie ?

Au premier jour fut le seigneur des anneaux. Et le Box-office vit que cela était bon.

Au deuxième jour furent quelques tentatives peu convaincantes d’heroic fantasy (Eragon, le remake de Conan, le choc des titans) mais ni les spectateurs ni la critique ne furent vraiment convaincus.

Alors au troisième jour vinrent les adaptations de contes de fées. On commença lentement mais sûrement à avoir fait le tour.

Alors, un génie parmi les producteurs décida qu’il était temps d’adapter les belles histoires de la Bible, qui ont un triple avantage : être connues de tous, être spectaculaires, et être porteuses d’une belle morale.

On pourrait donc douter de la sincérité de ce Noé, mais après un The fountain que les aléas de la production avait rendu un peu trop intimiste, on savait Darren Aronofsky avide de revanche, de mysticisme, et de figurants qui cassent des décors.

On s’attend donc à du symbolisme en veux-tu en voilà, à du violoncelle, à du doute, à de la narration interne, et à un gros affrontement de mecs de 300 ans minimum sévèrement burnés.

Durée : 02h18

Note presse Allociné : 3,1 / 5

Note IMDB : 6,6 / 10 (28 147 votes) (metascore : 67/100)

Note Rotten Tomatoes : 76% de tomates fraîches (6,6 de note moyenne)

La critique qui en dit long

« Embodying the last gasp of the creator’s pre-covenant vengeful tyranny (forgiveness comes later), Noah is an increasingly deranged extremist, a fundamentalist eco-warrior hellbent on wiping out mankind. (…) Throw in a magical serpent’s skin, a recurrent Garden of Eden flashback with pulsating apple heart, and a creation-of-life montage that plays like MTV-generation Terrence Malick, and Noah emerges as the strangest $125m ever spent by a major studio. »

« Incarnant jusqu’à son dernier souffle la tyrannie vengeresse de l’avant-Alliance (le pardon viendra plus tard), Noé est un extrêmiste de plus en plus dérangé, un éco-guerrier fondamentaliste, enragé à l’idée de balayer l’humanité (…) Rajoutez y une peau de serpent magique, un flashback récurrent sur le jardin d’Eden à base de pomme en forme de cœur qui bat, et une genèse qui ressemble à une version MTV du cinéma de Terrence Malick, et Noé apparaît comme les 125 millions dépensés de la manière la plus étrange par une major . »

Mark Kermode, the guardian

A conseiller à ceux qui savent qu’il ne fallait pas embêter Dieu à l’époque (bon après, c’est comme toujours avec les punitions, la première fois, ça fait peur, mais avec le temps, ça n’arrête plus les garnements).

Divergente – Neil Burger

Shailene Woodley (dont j’avais dit beaucoup de bien à l’époque de the descendants) vit dans un futur totalitaire où les gens sont classés en catégorie. Mais elle est trop rebelle pour entrer dans aucune case, ce qui met en danger non seulement son futur, mais aussi celui de toute la société.

Est-ce que ça fait envie ?

Lorsque j’avais terminé la trilogie Hunger Games, ma fort estimée collègue m’avait conseillé de lire Divergente qui venait à l’époque d’être traduit en France. Il faut croire qu’elle est écoutée par les producteurs hollywoodiens, car cette nouvelle franchise est là pour capitaliser sur le succès de la saga portée par Jennifer Lawrence.

Problème : j’avais apprécié dans les romans de Suzanne Collins leur violence étonnante pour de la littérature pour ado, et l’aspect torturé d’une héroïne étendard malgré elle d’une révolution qui la dépasse. Divergente a l’air plus fade, et semble ne retenir que le côté aventure et romance.

Le film, réalisé par Neil Burger, qui a fait auparavant Limitless et L’illusioniste, films qui ont plutôt divisé le public, ressemble à un bis italien à 85 millions de dollars. Toutes les scènes de la bande-annonce semblent tournées dans un hangar désaffecté, confondant futur austère et manque de direction artistique.

Problème supplémentaire : le film dure 02h19, ce qui n’est pas particulièrement bon signe.

Autant dire que je ne suis pas particulièrement confiant.

Durée : 02h19

Note presse Allociné : 2,6 / 5

Note IMDB : 7,6 (29 114 votes) (metascore 48/100)

Note Rotten Tomatoes : 40 % (note moyenne : 5,4 / 10)

La critique qui en dit long

« I like training sequences to run no longer than the length of the song ’Eye of the Tiger.’ This one runs ninety minutes. That was my friend’s reaction to the bloated, flat, and spark-less Divergent, in which an unlikely heroine will rise up and challenge the Powers That Be Powerful. »

« J’aime que les séquences d’entraînement ne durent pas plus longtemps que la chanson « Eye of the tiger », et celle-ci dure 90 minutes. Tel fut la réaction de mon ami(e ?) à ce Divergent boursouflé, plat, et dépourvu d’étincelles, dans lequel une héroïne improbable va se dresser et lutter contre le pouvoir tout puissant de la toute puissance. »

Jim Tudor, DIVERGENT Is Not So Special, dans le webzine Twitch 

A conseiller à ceux qui croient au fameux théorème de Bakayoko : à force de sortir tous les films adaptés de romans pour jeunes adultes (sauf Hunger games), SND va bien finir par reproduire le succès de Twilight.

Les yeux jaunes des crocodiles – Cécile Telerman

Julie Depardieu vit dans l’ombre d’Emmanuelle Béart, alors qu’elle est plus intelligente qu’elle et que c’est elle qui écrit son roman à succès.

Ceci s’explique peut-être par le fait qu’elle a l’air plus nunuche qu’une boulangère.

Est-ce que ça fait envie ?

Je croyais n’avoir vu aucun film de Cécile Terman, mais en fait, malheureusement si. Il s’agissait de Quelque chose à te dire film sentimental basé sur l’idée de casting la plus étrange du monde, puisque porté par le couple Mathilde Seigner, Olivier Marchal. Autant dire que ce dernier y jouait un rôle éminemment classe, qui avait le droit à l’une des plus belles répliques de l’histoire du cinéma : quittant sa compagne, alors enceinte, il lui dit :

« Ne t’inquiète pas, je m’occuperai de l’enfant. C’est toi que je quitte, pas lui ».

J’en ai pleuré.

De rire.

Maintenant, que dire de ces yeux jaunes des crocodiles ? La saga de Katherine Pancol a un tel succès que je vois mal le film échouer lamentablement au box-office. D’un point de vue artistique, je dirai simplement que ce n’est pas pour moi. Comme pour Twilight, il doit bien y avoir quelque chose là-dedans qui plaît aux gens, mais ce n’est pas très facile de l’identifier à la vue de la bande-annonce.

A moins d’être dans un délire masochiste, ou d’avoir un rendez-vous sentimental, il y a donc peu de chances que je vois le film.

Durée : 02h02

Note presse Allociné : 3 / 5

Note IMDB : Pas encore de note

La critique qui en dit long

« Qu’elles sont longues les deux heures passées devant cette adaptation du best-seller de Katherine Pancol. Interminables, comme la litanie de clichés qui entourent ses personnages, ces deux soeurs que tout oppose. »

Fabrice Leclerc, Studio Ciné Live via le site de l’Express

A conseiller à celles qui pensent que non, ni Emmanuelle Béart, ni Katherine Pancol n’ont eu recours à la chirurgie esthétique. Elles s’entretiennent bien, c’est tout.

Rio 2 – Carlos Saldanha

Dans le premier Rio, Blu était un ara bleu (d’où son nom), qui devait s’accoupler avec une femelle de son espèce pour perpétrer l’espèce. Cela n’a pas été sans mal, mais enfin, tout est bien qui a bien fini.

Dans cette suite, la petite famille va donc retourner dans la jungle, d’où s’en suivent gags sur le retour à la nature, et rencontre difficile avec les beaux-parents (car en fait, l’espèce en voie de disparition, ne l’est pas tant que ça).

Est-ce que ça fait envie ?

Les films du studio Blue sky ne sont pas particulièrement réputés pour leur aspect novateur, comme en témoignent les quatre âge de glace (dont le concept s’est assez vite épuisé). Rio 2 ne devrait pas changer leur réputation, tant on semble dans les clous de la suite attendue : problèmes de retour à la nature qui rappelle Madagascar, problème de beau-père tyrannique façon Mon beau-père et moi et retour du méchant oiseau dont on ne sait trop quelle sera sa motivation (la vengeance ?).

Mais j’ai envie de dire que tout cela a peu d’importance, car Rio, c’est avant tout la samba, avec Sergio Mendes en producteur exécutif de la musique, et John Powell de retour à la composition. Le premier film possédait de très belles scènes musicales, notamment la première qui me donne envie de danser la carioca.

On peut donc s’attendre à un gentil divertissement familial, avec on l’espère, plein de musique de carnaval qui défonce la tête.

Durée : 01h41

Note IMDB : 7,1 / 10 (1540 votes) (Metascore : 52 / 100)

Note Rotten Tomatoes : 68 % de tomates fraîches (note moyenne 5,8 / 10)

Note presse Allociné : 3,6 / 5

La critique qui en dit long

« After the oddly flat prologue in Rio, the film kicks up a gear when it arrives in the jungle, where the imagery becomes far more dense and colourful, leading to some wonderfully outrageous musical numbers and raucous action sequences. The level of detail is impressive, as is the range of creatures thrown into the story. But the script never quite rises to this level of invention, once again simplistically putting the city-bird Blu in an alien natural environment, with added in-laws and ex-boyfriends. Much more fun is Nigel’s interaction with his poison-frog sidekick, even if his subplot never builds any steam. »

Rich Cline – Contact music

Bon en gros il dit que l’histoire est nulle mais que les séquences musicales dans la jungle sont bien, ce qui montre bien que que l’on peut précisément juger d’un film d’après sa bande-annonce. Je vais vous demander de m’appeler le bande-annonçologue, à partir de maintenant.

A conseiller à ceux qui savent que la magie est là, nous rions à Rioooooooo, à Riooooooo

Les films qui vont essayer de survivre face aux blockbusters

Apprenti gigolo – John Turturro

John Turturro devient gigolo, grâce à Woody Allen. Tant qu’il lui présente des femmes de plus de 14 ans, tout va bien.

(oui, cette blague est de mauvais goût, et j’en ai honte).

(et vous devriez avoir honte aussi si vous avez ri.)

Est-ce que ça fait envie ?

John Turturro est un acteur qui a joué dans bien des productions prestigieuses, notamment pour les frères Coen, Spike Lee, ou Michael Bay, sans oublier sa performance extraordinaire dans Rien que pour vos cheveux . On peut donc imaginer qu’il ne réalise pas de films sans raison. Il y a ici deux idées fortes qui le justifie :

- Tourner un film avec Woody Allen

- Tourner un film où il est le tombeur d’une grande quantité de femmes admirables telles que Vanessa Paradis, Sofia Vergara, ou Sharon Stone

Ce film a-t-il quelque chose pour nous en dehors de ce bien agréable egotrip ? Ce n’est pas si sûr, puisque tout cela a l’air très très gentil. Mais bon, une petite comédie romantique faussement cynique, avec Woody Allen qui fait des petites blagues, qui peut résister ? Et puis cela vous fera toujours quelque chose à proposer à votre conjointe si vous voulez éviter les yeux jaunes des crocodiles (je ne vous promets pas du tout que cela marchera).

Durée : 01h30

Note presse Allociné  : 2,5 / 5

Note IMDB  : 6,6 / 10 (256 votes) (metascore : 64 / 100)

Note Rotten Tomatoes : 70 % de tomates fraîches (note moyenne : 5 / 10)

La critique qui en dit long 

Sans rivaliser avec l’écriture acide de son modèle, dont il pastiche les joutes oratoires, le film vaut surtout par l’alchimie vénéneuse de sa troupe d’acteurs : Liev Schreiber en flic déprimé, le tandem de cougars ironiques Sharon Stone et Sofia Vergara, et surtout Vanessa Paradis. Ici dans la peau d’une juive orthodoxe endeuillée redécouvrant ses désirs, la Française trouve son plus beau rôle depuis longtemps et ouvre une nouvelle brèche introspective et ténébreuse en marge du film.

Romain Blondeau – Les Inrockuptibles

A conseiller aux quarantenaires

My sweet Pepper Land – Hiner Saleem

A la frontière de la Turquie, de l’Iran, et de l’Irak, un homme doit faire respecter la loi, et ce n’est pas facile.

Est-ce que ça fait envie ?

Un film qui plaira aux nostalgiques du western. Tous les éléments classiques sont réunis : le nouveau shéraf désabusé, l’institutrice en détresse, les grands propriétaires qui se croient au-dessus de la loi. La seule différence est que ça se passe maintenant, et en Irak. Pas étonnant que les Américains aient voulu intervenir là-bas, par conséquent.

Durée : 01h40

Note presse Allociné : 3,4 / 5

Note IMDB : 7,2 / 10 (209 votes)

La critique qui en dit long

C’est un western, et c’est une femme qui en est l’héroïne. Elle est jouée par la magnifique Golshifteh Farahani : Govend a décidé de retourner à pied, à cheval et par tous les moyens, dans son village, afin de récupérer sa place d’institutrice et de faire l’école aux enfants. Le film pêche parfois par son abstraction. (…) Même si on ne comprend pas tout, on se laisse emporter par tant de beauté : la splendeur de l’actrice, comme celle des paysages.

Anne Diatkine – Elle

A conseiller aux amateurs de féminisme dans des territoires pas faciles pour les femmes.

En bref

Des sorties réduites, mais cela ne veut pas dire que ce n’est pas bien. Juste qu’il est déjà 16h et que j’aimerais publier l’article pour pouvoir sortir de chez moi. Please.

Computer Chess – Andrew Bujalski

Il y a une sorte de logique de voir le sujet des premiers programmeurs d’intelligence artificielle traité par l’un des pionniers du cinéma Mumblecore (et oui, on rentre dans une partie de l’article un peu plus pointue que celle qui parlait de Divergente). Un film important pour nous rappeler que les vieux geeks n’étaient ni meilleurs ni pires que ceux d’aujourd’hui.

A conseiller à ceux qui jouent à Hotline Miami pour les cinématiques entre les niveaux.

Heli – Amat Escalante

Le nouveau film du réalisateur de Los Bastardos, qui avait bien divisé les quelques spectateurs qui l’ont vu à l’époque. Un film à l’ambiance oppressante avec des plans d’une violence insupportable, comme cette scène de flipbook, ou celle de musculation à base de jeune fille.

A conseiller à ceux qui savent que, décidément, le cinéma n’est pas encore mort.

Maan Karate - Thirukumaran

Un film qui semble être la réponse de Bollywood à Scott Pilgrim Vs the World. Je ne pouvais pas ne pas en parler. Ca passe au publicis.

A conseiller à ceux qui savent que les pirates sont à la mode, cette année.

Une braise sur la neige – Boris Baum

Un film qui semble à mi-chemin entre Buster Keaton et la nouvelle vague. Le genre d’OVNI qui pourrait prendre de la patine avec le temps, mais dont la vision au cinéma se mérite, car il ne passe que dans une salle, à 16h, sauf le samedi. On nous dit rien, on nous cache tout.

A conseiller à ceux qui sont très très snobs.

Tout est permis – Coline Serreau

Un documentaire sur les stages de récupération de points par la réalisatrice de la belle verte (mais pas que). Ca a l’air très humain.

A conseiller au roi de la route des V.R.P. https://www.youtube.com/watch?v=NG5...

Suneung – Shin Su-Won

Un polar contemplatif sur l’examen d’entrée à la faculté en Corée. Un remake français serait en préparation : on y verrait Kev Adams flipper à l’idée que son dossier d’inscription soit refusé par le secrétariat, après 3h d’attentes, pour une photocopie difficile à lire. Une expérience limite.

A conseiller à ceux qui savent que le plus dur n’est pas d’entrer à la faculté, mais de survivre au R.U.

La belle vie – Jean Denizot

Des adolescents ont été élevés par leur père en dehors du système scolaire, car soustraits à la garde de leur mère, et donc en fuite permanente. Mais tel Mowgli, le héros ne peut rester indifférent à la civilisation quand apparaît une jeune femme en maillot de bain.

Etrangement, on dirait un peu le même sujet que l’instantanément culte braise sur la neige, mais dans un style moins proche du « rap mongol » cher au crew du roi Heenok.

A conseiller à ceux qui apprécient les blagues de Denizot. Désolé.

Une histoire banale – Audrey Estrougo

On termine par une histoire banale. Je n’avais pas du tout été convaincu par le film précédent d’Audrey Estrougo : toi, moi, et les autres, comédie musicale super naïve qui se perdait dans une histoire de sans-papiers assez confuse.

L’échec commercial du film fait que la jeune réalisatrice revient avec un budget et une distribution beaucoup plus modeste (et ça se voit, mais bon, 8 000 € de budget, c’est rien du tout), mais qui va peut-être la servir, puisque tout ceci a l’air déjà plus cohérent. Un autre grand sujet y est abordé, puisque si je comprends bien, il s’agit au minimum de harcèlement, au pire de viol. Pas la fête, donc, et on aimerait que ce ne soit justement pas une histoire banale.

A conseiller aux féministes de twitter. Ca devrait faire du monde.

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