Le fantabuleux blog de Kevo42

Sorties cinéma du 06 août 2014

mercredi 6 août 2014, par Kevo42

Encore une fois, l’été est l’occasion de sortir du placard des films intéressants mais difficiles à vendre. Detective Dee 2, Colt 45, Winter Sleep, trois films qui intriguent. On a aussi droit à du pur divertissement estival avec Lucy et Nos pires voisins.

Et puis il y a d’autres choses aussi, mais je n’ai pas eu le temps de faire de fiches, alors désolé, ça attendra.

A la semaine prochaine, pour de nouvelles sorties tout aussi intéressantes !

Le triomphe du film de genre généreux

Detective Dee II : la légende du dragon des mers – Tsui Hark

Après avoir connu un detective Dee mature, Tsui Hark revient avec une suite en forme de prologue, en nous présentant sa première grande enquête. Mais si l’acteur principal a changé, l’investigation, les tatanes et la folie sont restés.

Est-ce que ça fait envie ?

Cela fait maintenant 35 ans que Tsui Hark réalise des films et son envie de cinéma n’a pour l’instant pas diminué. 35 ans de chorégraphies, folles, d’idées de réalisation impossibles, de rythme fou, de réinvention constante.

Alors oui, sa volonté d’expérimenter de nouvelles techniques, de nouveaux trucages n’a pas été sans casse : on a du mal à revoir l’affrontement final de Zu les guerriers de la montagne magique, on a souffert visuellement devant sa sa suite La légende de Zu , et il y a régulièrement dans ses films des trucages en image de synthèse qui font un peu pitié.

Et oui aussi, ce n’est pas le meilleur scénariste du monde, capable de massacrer des débuts et des personnages prometteurs à base d’élipses incompréhensibles, comme dans Seven sword

Mais il y a toujours assez à manger dans son cinéma pour que l’on en ressorte malgré tout heureux d’avoir vu quelque chose d’inespéré, alors même qu’il se place en théorie dans un cadre hyper balisé (le plus souvent le Wu-Xia Pan).

On surveillera ici plus principalement son usage de la 3D, qui promet beaucoup. Je n’ai malheureusement pas pu voir Dragon gate dans ce format, mais on sent déjà sur une télé normale les intentions liées à ce format. Pour ce Detective Dee on parle d’éléments qui sortent de l’image en fonction de l’attention que le héros leur porte, un peu comme dans le dernier Jeunet, ce qui peut être une façon très ludique d’utiliser le procédé.

L’enjeu est de taille mine de rien : si ce fou furieux de Tsui Hark n’arrive pas à trouver une utilisation intéressante au relief, qui le pourrait ?

Durée : 02h14

Note IMDB : 6,5 / 10

Note presse Allociné : 3,9 / 5

Qu’avez-vous vu de Tsui Hark ?

Comment résumer en quelques lignes la carrière de Tsui Hark, l’une des personnalités les plus importantes du cinéma de Hong-Kong ? Déjà, par une liste de films qui ont chacun marqué leur époque : Zu les guerriers de la montagne magique, Peking opera blues, The lovers, Green snake, Il était une fois en Chine et ses suites, Le festin chinois, The Blade, Piège à Hong Kong, Time and Tide, Seven Swords, ou récemment Detective Dee. Ensuite par un style unique où tout est possible, pour le meilleur, pour le pire et pour les deux à la fois : si Black Mask 2 est globalement tout pourri, il contient tout de même les premières chorégraphies folles avec Scott Adkins. Si Piège à Hong-Kong est un des films les plus crétins qui soient, il possède une énergie et des scènes d’action et de comédies proprement géniales.

Et en plus de tout cela, il a découvert John Woo et produit le premier Black Mask !

Tsui Hark, je t’aime !

A conseiller à ceux qui aiment le spectacle !

Colt 45 – Fabrice du Welz

Un jeune armurier de la police invente une balle qui fait des gros trous. Joey Starr le corrompu l’emmène dans une embrouille pour récupérer ses balles. Gérard Lanvin enquête pour comprendre ce qu’il se passe (il a raté le début du film).

Est-ce que ça fait envie ?

Colt 45 ou le film maudit. L’histoire n’est pas très claire, mais si j’ai bien compris, tout le monde s’est embrouillé sur le tournage : Du Welz et Joey Starr principalement, mais pas seulement. Résultat, le film est resté au montage pendant un ou deux ans, Du Welz présentant entre temps Alleluia au festival de Cannes, et se voit aujourd’hui distribué n’importe comment alors qu’il devrait être une assez grosse sortie.

On ne saura jamais ce qu’il s’est passé, et on peut imaginer que les égos très forts en présence (Du Welz est un réalisateur très sûr de lui, jusqu’à l’arrogance pour certains, et Joey Starr n’est pas l’homme le plus diplomatique du monde) ont pu peser, mais la bande-annonce finale révèle un projet franchement schizophrène :

- d’un côté on a le polar blaireau à la Olivier Marchal, avec ses dialogues à base de : « Je t’ai baisé, tu le sens mes couilles ? », de flic corrompu à la Braquo, et de Gérard Lanvin

- d’un autre le film dépressif comme les aime Du Welz, avec une image plongée dans le noir dont s’extirpent des visages et des corps taillés à la serpe, de la violence sale, et un héros en pleine descente aux enfers.

Au final, et malgré les polémiques, le résultat a l’air bien meilleur que ce que cela devrait être.

Un mot sur Joey Starr : comme Ice T, le méchant garçon du 93 semble de plus en plus habitué aux rôles de flics. A force de se renier, il ne devrait pas tarder à entendre le coq chanter.

Durée : 01h25

Note presse Allociné : même pas de projection presse : le film est vraiment balancé à la poubelle.

Qu’avez-vous vous vu de Fabrice de Welz ?

Fabrice du Welz est un réalisateur qui s’est fait remarquer avec Calvaire, survival rural où Laurent Lucas était pourchassé par Jackie Berroyer.

Sa carrière est alors prometteuse avant l’accident industriel Vinyan : grosse production avec Emmanuel Béart en vedette, mais surtout bide total. Pas étonnant au fond : même si je trouve qu’il s’agit d’un bon film, il s’agit surtout d’un des grands moments de dépression cinématographique, qui mis à côté de Martyrs et d’Antichrist pourrait constituer une trilogie de la souffrance et de la folie. Pas exactement fun et grand public donc.

Il devait se relancer avec Colt 45, mais bon, c’est déjà raté. Du coup, ses espoirs reposent maintenant sur Alelluia, qui a été très bien accueilli au dernier festival de Cannes.

Qu’on aime ou pas le personnage (son journal de tournage de Vinyan écrit pour Première mettait bien en valeur son caractère auto-satisfait), il est quelqu’un capable de produire des images très marquantes, et on ne peut qu’avoir envie de le voir conduire des projets ambitieux.

A conseiller à ceux qui aiment les films malades.

Lucy – Luc Besson

Scarlett Johansson passe de la drogue, prend un coup de pied dans le ventre, et voit son cerveau gagner en efficacité. Ce qui lui permet de faire pousser ses cheveux, lire des livres très compliqués très vites, donner des high kicks, et vivre dans des time-lapse.

A winner is her.

Est-ce que ça fait envie ?

Depuis qu’il a annoncé prendre sa retraite, Luc Besson tourne environ un film par semaine. Après une adaptation semble-t-il particulièrement ratée de Malavita, notre ami barbu décide de revenir à ses premières amours, en mélangeant le côté héroïne d’action qui lit plein de choses très vites du 5ème élément, avec le cahier des charges de pétage de gueule à des gros blacks ou chinois qui a fait le succès des productions europacorp.

Maintenant, on pourra dire ce que l’on veut, mais on sait qu’il y aura en qualité :

- un film plutôt fun, et agréablement filmé, même si je trouve qu’il a de moins en moins d’idées (à moins que ce ne soit moi qui en grandissant soit devenu plus exigeant)

- qui met en valeur une héroïne forte et intelligente

Et qu’en défaut il aura :

- le fait d’être complètement mongolo en plus d’être écrit avec le cul.

Rien qu’à la vision de la bande-annonce, on a envie de se frapper la tête contre les murs. Sur le papier, ce n’est pas plus stupide de dire : Scarlett Johansson a des pouvoirs car elle utilise son cerveau à 100%, que de dire Tobey Maguire a des super-pouvoirs car il a été piqué par une araignée. Mais dans les faits … Je ne sais pas : les dialogues sonnent faux, les situations aussi, et en plus on a l’impression soit que la bande-annonce raconte tout, soit qu’aucun ennemi ne pourra être aussi puissant que l’héroïne.

Bref, la qualité du film dépendra d’où Luc Besson aura choisi de se placer sur la courbe Awesome / débile.

Par contre, pour ceux qui s’étonneraient de voir Mamzelle Scarlett tourner avec Besson : il y a peu de films d’actions hollywoodiens qui mettent en valeur les femmes, et c’est justement ce que Besson sait faire le mieux : quand le réalisateur de Nikita, Le Cinquième Element, Jeanne d’Arc, Adèle Blanc-Sec, The Lady et producteur de Colombiana vient vous voir en demandant : voulez-vous ? Et bien il y a de quoi réfléchir.

Résultat : meilleur résultat pour Scarlett dans un film dont elle est le premier rôle. Il faut dire que c’est un peu plus facile d’accès qu’Under the skin.

Durée : 01h29

Note IMDB - : 6,6 (metascore 61/100)

Note Rotten Tomatoes : -  59% de tomates fraîches (note moyenne 6 / 10)

Qu’avez-vous vu de Luc Besson ?

La vidéo est un peu vieille maintenant, mais elle résume toujours aussi bien le personnage.

A conseiller à ceux qui rêvent depuis des années d’un reboot de Johnny Mnemonic.

Le triomphe du cinéma d’auteur

Winter Sleep – Nuri Bilge Ceylan

Un homme est dans une voiture. Un enfant lui envoie un caillou. Mais il ne doit pas lui en vouloir. Après, tout le monde lui en veut de ne pas être parfait. Mais lui préfère regarder tomber la neige. (C’est un peu flou, mais je retranscris ce que j’ai vu).

Est-ce que ça fait envie ?

Je rédige ce blog, je vais voir un certain nombre de films au cinéma, alors les gens pensent de moi que je suis cinéphile. Et d’une certaine façon, c’est vrai.

Alors, certains se disent : oh, Kevo42 va avoir des choses intéressantes à dire sur la palme d’or !

Et bien non, je n’ai rien à en dire. Je ne dirai pas que j’ai l’impression que ce n’est pas un bon film. Je connais des gens très biens qui sont fans de l’œuvre de Ceylan.

Mais alors, présenté comme ça, je dois avouer que je m’en fiche complètement.

Vraiment, cela ne m’intéresse pas du tout. Les conflits moraux, les personnes qui sont censés représenter l’autorité, les discussions au coin du feu ou dans la neige, tout ceci glisse sur moi comme l’eau sur le plumage d’un canard.

Donc voilà. Allez-y si vous voulez, c’est sûrement très bien, mais je ne suis pas le public visé.

Durée : 03h16 (bah oui, ce ne serait pas drôle sinon)

Note IMDB : 9,3 / 10 (metascore 83 / 100)

Note presse Allociné : 3,3 / 5

Qu’avez-vous vu de Nuri Bilge Ceylan

Cela fait des années que Nuri Bilge Ceylan arpente le tapis rouge du festival de Cannes. Il y a remporté le prix du jury (Il était une fois en Anatolie), le prix du meilleur réalisateur (les trois singes), le grand prix du jury (Uzak), la palme d’or du meilleur court-métrage (Koza) et la palme d’or (le présent Winter sleep).

Son style contemplatif mais néanmoins intense a permis au magazine Première d’utiliser à plusieurs reprises le jeu de mot : « Ceylan mais c’est pas chiant », et on les en remercie.

A conseiller à ceux qui aiment regarder tomber la neige.

Le triomphe de la comédie débile mais qui met en scène un conflit de génération très sérieux

Nos pires voisins – Nicholas Stoller

Seth Rogen vit tranquillement avec sa famille, jusqu’à ce qu’une fraternité s’installe à côté de chez lui, avec Zac Efron à sa tête.

Est-ce que ça fait envie ?

Jeunes parents contre étudiants, voilà le prétexte pour une escalade dans la violence, qui est toujours propice au rire.

Et pour le coup, je ne sais pas trop quoi rajouter. Des films de voisins qui pètent les plombs, ou de rivalité qui tourne à l’explosif, je pense que l’on a en a eu plein, et pour le coup, je doute que les gens aillent le voir pour son aspect sociologique.

Il n’y a que deux choses qui comptent :

1 – est-ce que l’histoire n’est pas stupide au point de gâcher le film, façon Sex Tape ? Apparemment, c’est bon, elle sert de prétexte, mais elle peut être l’occasion de quelques réflexions bien senties.

2 – est-ce que les gags sont drôles ? Pareil, apparemment ça va : le running gag airbag / trou dans le sol est pas mal.

Donc, bon, je ne dis pas que ce sera génial, mais ce sera sûrement comme un peu tous les autres films du genre, et ce sera déjà pas mal.

Durée : 01h37

Note IMDB : 6,9 / 10 (metascore : 68/100)

Note Rotten Tomatoes : 73% de tomates fraîches (note moyenne 6,3/10)

Qu’avez-vous vu de Nicholas Stoller ?

Nicholas Stoller est un pur produit de l’école Judd Apatow. Il a coécrit avec lui le scénario de Braqueurs amateurs, avant d’écrire celui d’un autre film avec Jim Carrey : Yes Man.

Il est passé à la réalisation avec le diptyque Sans Sarah rien ne va et Get Him to the greek (American Trip en français), avant de retrouver Jason Segel dans 5 ans de réflexion.

Tous ses films donnent une image un peu contrastée de ce réalisateur : d’un côté, il n’a rien fait de vraiment honteux, d’un autre côté, quand on repensera à l’héritage Judd Apatow, on ne pensera pas forcément à ceux là. D’ailleurs, le fait que je n’en ai vu aucun, alors que je suis assez client de cet humour, est un petit signe que ce qu’il fait n’est pas particulièrement engageant.

A conseiller aux fans de Voisin, Voisine

Le triomphe du dessin animé en image de synthèse qui ne fait pas envie !

Opération casse-noisette – Peter Lepeniotis

Un écureuil réunit une équipe de bras-cassés pour dévaliser un magasin de noisettes.

Est-ce que ça fait envie ?

S’il y avait un concours de dessin animé le moins original de l’année, cet opération casse-noisette aurait ses chances. Graphisme en 3D passe partout, gags à base de pets, et intrigue plus ou moins pompée sur celle du Fantastic Mr. Fox.

Le comparatif entre les deux est d’ailleurs assez tragique : toutes les qualités que pouvaient avoir le film de Wes Anderson, son intelligence, son élégance, sa beauté, ont disparues.

Même si vous avez des enfants, il y a certainement mieux à faire, comme aller voir Dragons 2 ou acheter le film des Lego en vidéo.

Ce n’est certainement pas absolument complètement nul, mais ça a l’air tellement générique que je ne sais pas si quelqu’un s’en souviendra encore l’année prochaine.

Durée : 01h25

Note Rotten Tomatoes : 10 % de tomates fraîches (note moyenne : 3,9 / 10)

Note IMDB : 5,8 / 10 (metascore : 37 / 100)

Qu’avez-vous vu de Peter Lepeniotis ?

A part un nom qui fleure bon avec le crypto fascisme, Lepeniotis n’est pas ce qu’on peut appeler une star de l’animation. Animateur, voire assistant animateur pour des grosses productions comme Toy Story 2, Dinosaures ou Fantasia 2000, il réalise son premier long-métrage : Bolts and Blip : Battle of the Lunar League qui a l’air d’être d’une mocheté sans nom.

Opération casse-noisette est le développement d’un court métrage réalisé en 2005 déjà pas franchement fou fou.

A conseiller aux enfants qui vous cassent les noisettes.

2 Messages de forum

  • Sorties cinéma du 06 août 2014 16 août 2014 02:07, par samizo kouhei

    Pour Opération Casse-Noisettes, rien que la présence de Gangnam Style dans la bande-annonce pue la défaite.
    Sinon le 6 août sortait aussi le nouveau film d’Amos Gitaï, même si j’avoue que c’est plutôt l’actrice principale (Yuval Scharf) qui m’a tapé dans l’oeil. ^_^

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    • Sorties cinéma du 06 août 2014 16 août 2014 23:38, par Kevo42

      Tout à fait d’accord. L’esthétique des films d’animation 3d est cependant assez standard pour qu’on ne fasse pas trop la différence avec un dessin animé dreamworks : psy ou real 2 real, qui est le plus ringard ?

      Pour ce qui est du Amos Gitai, j’ai rajouté la fiche la semaine d’après.

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