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Pacific Rim - Guillermo del Toro

lundi 22 juillet 2013, par Kevo42

Des robots géants, des monstres, une japonaise en combinaison moulante, Idriss Elba qui gueule, mais aussi Santiago Segura et Ron Perlman qui passent faire un coucou.

Pas de doute, Pacific Rim est avant tout un film de mec.

Mais en ces jours où le ministère de la femme lutte jour après jour contre la discrimination, ne peut-on dire qu’un film, même viril, peut être universel ?

Cette critique ne répondra pas nécessairement à cette question.

De nos jours, une créature aussi monstrueuse que gigantesque sort des mers et attaque San Francisco. Les forces armées la détruisent après de rudes combats. La terre est-elle sauvée ? Non, ce n’est que le début d’une guerre qui durera des années : la guerre des Kaijus !

Pour lutter contre des monstres toujours plus fréquents et forts, il n’est d’autre choix que de construire des robots gigantesques : les Jaeger. Pacific Rim est le récit de leurs exploits.

Une histoire simple, mais pas simpliste, bien qu’un peu bête sur les bords quand même .

Il semble exister un malentendu concernant Guillermo Del Toro, qui je pense est soit né dès Cronos, soit plus sûrement avec l’échine du diable, et qui en fait un auteur qui a des choses à dire.

En réalité, la carrière de Guillermo del Toro peut assez bien se résumer en deux catégories : d’un côté les films d’horreur avec des enfants (l’échine du diable, le labyrinthe de Pan, et dans une certaine mesure Mimic), et d’un autre côté les films d’actions avec des mecs trop balèzes (Blade II, Hellboy 1 et 2). Alors bien sûr, il y a la thématique transversale des monstres plus humains que les hommes, une certaine fascination pour les sous-sols, mais le point que je souhaite soutenir est que Del Toro n’est pas nécessairement un auteur dark torturé.

Prenez les films de Hellboy et comparez les à la bande-dessinée : aussi réussi soient-ils, ils n’ont pas du tout la même ambiance : beaucoup moins sombres, beaucoup moins ésotériques, pas du tout angoissants, aucunement Lovecraftiens, et bien plus orientés actions. Et si vous ne me croyez pas, vous n’avez qu’à relire Le ver conquérant et revoir le premier Hellboy. A peu près la même trame, mais dans un cas vous vous chiez dessus, dans l’autre cas vous jubilez parce qu’Hellboy il a une grosse main quand même. Comme les méchas de Pacific Rim.

Tout ça pour dire que si vous vous attendiez à un film très sombre ou torturé, et bien non, Pacific Rim ne l’est pas. Pacific Rim est un gros blockbuster un peu bébête, voire même parfois plutôt débile, et il est certainement le film le plus grand public proposé par Del Toro.

Pour autant, alors que beaucoup de monde tombe sur le scénario du film, j’aimerais le défendre autant que possible en ces lieux.

L’une des très grandes qualités du film est d’être complètement premier degré. Des blockbusters d’invasion extra-terrestres, on en a vu pas mal ces dernières années, et avec le grand retour de la science-fiction, on va en voir encore un certain nombre. On pourrait donc être tenté par deux options un peu pièges : soit prendre de la distance, et insuffler du second degré façon Men in black, soit carrément sombrer dans le film débile façon Transformers ou Battleship.

Pacific Rim ne s’engage dans aucun de ces pièges. Il s’agit d’un film très classique, mais aussi très cohérent dans ce qu’il propose.

Le prologue par exemple est bien foutu : dans la plupart des films, les aliens ont des super boucliers de la mort que l’on ne peut détruire que via une ruse incompréhensible comme dans le cas du virus d’Independence day ou via des êtres infiniment plus puissants que ce que la terre possède : les Transformers rendent la présence de l’armée incompréhensible, sans parler du récent Man of steel.

Ici, l’armée est évacuée d’office (premier ouf), pour une bonne raison (deuxième ouf) : on peut tuer les Kaïjus avec des avions de chasse classiques, mais ça prend beaucoup de temps, causant beaucoup de morts, et ce n’est pas comme cela que l’on gagne la guerre. D’où les robots géants. Bon, après, la manière dont fonctionnent les robots tient pas mal de la science nanarde, et oui, un robot qui fonctionne à l’énergie nucléaire qui part au combat, c’est très très stupide, surtout après Fukushima, mais l’intention est sympa.

Autre écueil récurrent de ce genre de films : la protection des civils : que ce soit dans Fast & Furious 6 ou Man of steel, les héros détruisent allègrement tout ce qui passe, causant, on l’imagine des centaines, voire des centaines de milliers de morts pour Superman. Sauf que non, car, on le voit bien dans Man of steel, les immeubles sont vides, de manière magique. Dans Pacific Rim, non seulement on apprend qu’il y a eu des morts (plusieurs personnages ont une histoire marquée par le deuil), mais en plus on se rend compte que depuis le temps que dure la guerre, de bons systèmes de protection et d’abris ont été crées pour les civils. Il y a même une partie de l’intrigue qui repose là-dessus.

Enfin, dernière chose, en règle générale, les extra-terrestres attaquent le pays d’origine du film, et donc le plus souvent les Etats-Unis. Que ce soit dans Independence day ou Man of steel, il y a bien des petites tentatives d’internationalisation, mais elles ne trompent personne.

Pacific Rim étend l’action à tous les rivages du pacifique : il y a des héros américains, russes (Cherno Alpha, avec sa tête en forme de réacteur atomique, j’adore), chinois, japonais. On se bat en Alaska, à Hong-Kong, en Australie, etc. C’est chouette.

On retrouve cette attention aux petits détails un peu partout, afin que le film soit le plus cohérent possible, malgré les contraintes qui pèsent sur un blockbuster destiné à un public très très familial. Donc, oui, on s’énervera du service recherche et développement se limitant à deux scientifiques très caricaturaux (le monde repose sur une agence ayant moins de moyens que le BRP de Hellboy, et même si une raison en est donnée, c’est un peu léger), oui, on pestera de ce que certains points du scénario qu’on croit très importants ne servent en fait à rien, et on s’étonnera enfin de la stupidité du plan final.

Mais il ne faut pas se tromper : Pacific rim n’est pas The dark knight : personne ne vous y fera la morale, ne vous expliquera le bien, le mal, et tout et tout. Juste un robot, un monstre, et des coups de poing propulsés.

Bon, ok, lui, il est insupportable, et en plus il ressemble à J.J. Abrahms

Mais quand même, le film est pompé sur Evangelion, non ?

Autre question que beaucoup de gens se posaient avant le film : Pacific Rim est-il une adaptation non officielle de Neon Genesis Evangelion  ? Et bien, en fait, pas vraiment.

Il y a des points communs évidents :

- la situation de base : un nombre réduits de robots qui doivent faire face à des créatures étranges qui arrivent une par une pour détruire la terre.

- Les pilotes : ils sont reliés mentalement à leur machine, de sorte que si leur mécha (armure géante) se fait arracher quelque chose, ils en ressentent de la douleur.

Mais à part cela, les deux œuvres n’ont rien à voir. Elles ne suivent pas du tout le même but.

Tout part des pilotes : les pilotes d’Evangelion, Shinji le premier, sont forcés à opérer des machines trop imposantes pour eux, dans une situation de stress extrême qui les pousse à l’isolation et au pétage de plombs.

Les pilotes de Pacific Rim sont des soldats entraînés, qui en plus opèrent en duo pour supporter la pression psychologique (une très bonne idée). Du coup, même s’il leur arrive des événements durs, leurs traumas ne prennent pas le dessus.

Deuxièmement, le déroulement n’est pas du tout le même. Evangelion étant au départ une série, il fallait diversifier au maximum les anges. Pas un ne se ressemble, et pas un ne réclame la même stratégie d’attaque. Pacific Rim est beaucoup plus limité : si les ennemis apprennent des combats passés, on reste dans du bourre pif. On est presque plus dans du Goldorak, de ce point de vue, si vous voyez ce que je veux dire. C’est d’ailleurs un reproche que l’on peut faire au film : passé le combat central qui tue la tronche, il est difficile de se renouveler.

Ainsi, si de loin, les deux œuvres sont proches, elles n’ont en fait rien à voir. Ce qui est normal : Evangelion est une œuvre volontairement opaque, destinés à des fans qui vont décrypter chaque image pour comprendre ce qui s’est passé, ce que peut bien être ce foutu plan de complémentarité de l’homme, et pourquoi Gendo Ikari est un tel salopiaud. Pacific Rim de son côté est un film grand public, qui doit pouvoir se suffire à lui-même sans fermer la porte à une suite éventuelle.

Ils sont beaux, les robots

Pacific Rim est un film qui ne trompe pas sur la marchandise. Si vous aimez les films où des robots géants tapent sur des monstres géants, vous devriez aimer.

La mise en scène est très lisible, et très impressionnante, et la 3D est pour une fois excellente. Elle accentue la profondeur et donne vraiment une idée du gigantisme de ces créatures.

Maintenant, la façon dont le film est construit est un peu bizarre. Il se passe toujours quelque chose dans ce film, mais un passage en particulier retient l’attention : une grosse bagarre à Hong-Kong, qui dure très longtemps et qui est tout simplement hallucinante. La scène a de multiples enjeux, possède un vrai sens du danger, est extrêmement spectaculaire, et propose très régulièrement des plans à même de vous faire vomir des arcs-en-ciel dans la salle de cinéma (j’aimerais que l’attaché de presse lise cette critique et mette cette phrase sur la jaquette du DVD).

Le souci, c’est que cette scène n’est pas la dernière. Le final n’est pas aussi fort, et d’assez loin. Voilà qui est fort dommage.

Mais honnêtement, rien que pour cette scène, vous devez aller voir le film.

Vous allez me dire : après avoir passé autant de temps sur le scénario, voilà tout ce que tu trouves à dire sur la réalisation ?

Je crois qu’autant dans la plupart des films, j’ai tendance à analyser le film en le voyant, à penser en termes de plans, et de réfléchir aux choix de mise en scène, autant ce film m’a complètement happé. Le mot le plus approprié que je peux donner à la réalisation de ce film est : justesse. Del Toro n’essaie pas de faire des effets de caméra de fous, de frimer avec la caméra, parce qu’il sait que ce qui filme est en soit extraordinairement impressionnant. Contrairement à un Transformers qui fonctionne en mode alternatif entre génie visuel et gloubi-boulga incompréhensible, Pacific Rim est un film qui est également impressionnant, et cool, et il y a des robots géants, et on y croit.

Et alors c’est bien ?

Pacific Rim est un film qui ne se moque pas du spectateur. Il est peut-être un peu trop geek, et son semi-échec au box-office (dans le sens où ce n’est pas un échec, mais le film coûte si cher qu’au final il en devient un) en est la sanction. Mais très honnêtement, tout cela ne nous regarde pas. Si la Warner a décidé de mettre autant d’argent sur le film, c’est leur problème.

Moi je leur dis merci. Le film est peut-être un peu trop simple pour un spectateur adulte nourri à Evangelion, mais il est parfait pour un adolescent aussi bien que pour moi. Hyper spectaculaire, il donne envie de s’acheter des robots en plastique, de jouer toute la nuit avec, et de défoncer des murs à la masse après.

Que peut-on vouloir de plus ? Qu’on donne plein de fric à Del Toro pour faire Hellboy 3 avant que Ron Perlman ne soit en maison de retraite ? Oui, je suis bien d’accord.

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