Le fantabuleux blog de Kevo42
Accueil du site > Films > Actualités cinématographiques > Oblivion - Joseph Kosinski

Oblivion - Joseph Kosinski

mardi 23 avril 2013, par Kevo42

Deuxième film de Joseph Kosinski après Tron l’héritage. Avec Tom Cruise, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough, et Morgan Freeman. Et des robots. Et une piscine dans l’espace. Et une station spatiale plus grosse que la lune.

L’histoire :

Les scavengers, des extra-terrestres pas gentils, ont attaqué la terre. L’humanité a gagné d’une victoire à la Pyrrhus : la civilisation est détruite, les ressources naturelles épuisées, la planète irradiée. Les humains restants se trouvent dans une station spatiale géante. Il ne reste plus sur la planète que des stations gigantesques chargées de récupérer l’eau restante pour l’envoyer dans l’espace avant le grand voyage vers Titan, protégées par Tom Cruise, sa coéquipière, et des drones.

Tom Cruise ne passera bien sûr pas son temps à marcher dans des ruines et à réparer des robots, car ce n’est pas un film de Tarkovski, mais je ne vous gâcherai pas l’histoire à trop en raconter.

Un film simple, qui prend son temps.

Le premier film de Joseph Kosinski : Tron : l’héritage, bénéficiait d’une direction artistique superbe mais pâtissait d’une histoire mal écrite : trop d’éléments imposés mal utilisés, de rebondissements qui n’apportent rien, pour finir sur une histoire assez basique, avec une méchante armée qui veut attaquer le monde réel.

L’histoire d’Oblivion est plus modeste et mieux écrite. Elle est centrée autour de trois personnages : Jack, le réparateur, Victoria sa coéquipière et amante, et Julia qui arrive en cours d’histoire. Les autres acteurs ont au mieux une scène importante, au pire ne sont là que pour de la figuration.

Leur histoire est intéressante car elle sert à la fois un triangle amoureux assez touchant, et une intrigue de science-fiction massive : qu’est-il réellement arrivé à la terre ? Ce mélange d’intime et de massif résume bien le projet d’Oblivion.

Ce projet se dévoile peu à peu, l’histoire prend son temps : la phase d’exposition, où Tom Cruise explore les ruines à la recherche de traces du passé terrien, voire de son propre passé, est calme mais contient suffisamment d’informations pour qu’on ait envie de voir la suite.

Ainsi, lorsque le premier twist arrive, on en comprend parfaitement bien les enjeux car les personnages et l’univers ont été très bien présentés. Cette qualité d’écriture sert bien Oblivion.

Un film visuellement très beau

L’autre grande qualité d’Oblivion est son aspect graphique. Du point de vue design tout d’abord : le film se passe dans un futur relativement proche, ce qui permet d’avoir des éléments à la fois très réalistes et très futuristes. La maison dans le ciel de Tom Cruise par exemple, est impossible d’un point de vue conceptuel, mais son design rappelle les meilleurs moments de la maison France 5  . Que ce soit du point de vue architectural, ou du point de vue des machines, le film est un sans-faute visuel : tout fait vrai, tout en étant très joli. Cette impression visuelle est renforcée par des effets spéciaux parfaits.

De plus, le film bouge bien : Joseph Kosinski propose des mouvements de caméra fluide, l’action est lisible et entraînante. Le rythme est bien dosé : l’alternance exploration contemplative / action fonctionne bien.

Joseph Kosinski n’est pas quelqu’un qui va inventer des figures nouvelles de l’action, mais on sent qu’il travaille beaucoup pour proposer quelque chose qui soit au niveau de l’histoire du cinéma de science-fiction.

Un film sans réelle originalité mais très cohérent.

Oblivion est en théorie un scénario original, que Joseph Kosinski voulait proposer comme livre illustré. Grâce à Tron l’héritage, son histoire a immédiatement reçu l’attention de Tom Cruise. Oblivion est donc l’adaptation d’un ouvrage qui n’est jamais sorti.

En voyant le film, on ressent fortement cette idée d’adaptation de quelque chose que nous pensons connaître sans jamais l’avoir lu. Malheureusement, cela ne tient pas tant à la genèse étrange de ce projet qu’à son manque d’originalité. Le film s’inspire en effet d’énormément de films de science-fiction, sur des plans très précis, comme pour des tropes plus généraux. Dans les plans très précis, on signalera par exemple la poursuite aérienne entre le vaisseau de Tom Cruise et des drones, qui copie dans les grandes largeurs l’attaque de l’étoile de la mort dans Star Wars. Quitte à pomper, autant s’attaquer au meilleur. Dans les tropes, on dira que la quête du souvenir de cet homme obsédé par des objets du passé, son côté obstiné face à une hiérarchie très fixe, est très classique.

Pour ne pas vous gâcher le plaisir, je n’énumérerais pas les sources d’inspiration du film. Celles-ci sont si nombreuses, qu’elles feraient un excellent jeu à boire entre amis : une bière pour chaque référence repérée.

Il est de ce point de vue intéressant de voir qu’encore une fois Kosinski a confié la musique a un groupe connu, puisqu’après Daft Punk, c’est M83 qui s’en est occupé. Il est encore plus intéressant de voir que là encore leur travail, encadré par un compositeur plus traditionnel (ici Joe Trapanese), louche fortement du côté de Hans Zimmer (on reconnaît ça et là des bouts de la musique de The Dark Knight).

Malgré tout, cet aspect best-of n’est pas réellement gênant. Peut-être est-ce qu’après l’avènement de grands réalisateurs photocopieurs comme Tarantino ou les Wachowski, je suis moins choqué. Plus sûrement, il est intéressant de voir que contrairement aux deux réalisateurs cités ci-dessus, qui essaient de rassembler des références très hétéroclites, ce qui donne un aspect assez « pop » à leurs films, Oblivion est un ensemble extrêmement cohérent. Même si le spectre de la science-fiction évoqué ici va de la fable écologique à la Silent running au bourrinage façon Independence day, on reste dans une source d’inspiration assez proche pour que tous les éléments s’intègrent parfaitement bien.

De plus, le scénario est suffisamment malin pour qu’on soit tenu en haleine jusqu’au bout : les clichés jouent alors le rôle de facilitateur de compréhension : Oblivion se sert de notre inconscient S.F. collectif pour proposer une histoire qui dévoile tranquillement sa complexité.

Et alors c’est bien ?

Oblivion est un film à l’image de la filmographie récente de Tom Cruise : très solide. Le film est familièrement original, bien réalisé, bien interprété, bien rythmé, beau, avec une histoire pas bête.

Ce n’est pas le film de l’année, ni un film extrêmement marquant, parce qu’il ne propose pas assez de jamais vu. Mais c’est un film qui mérite largement d’être vu, et qui vous fera passer un excellent moment. A l’heure de blockbusters aussi moisis que G.I. Joe 2 ou Battleship, il faut savoir apprécier un film de bon goût et qui ne vous prend pas pour un idiot.

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0