Le fantabuleux blog de Kevo42
Accueil du site > Films > Actualités cinématographiques > Les enfants loups : Ame et Yuki - Mamoru Hosoda - 2012

Les enfants loups : Ame et Yuki - Mamoru Hosoda - 2012

mardi 17 juillet 2012, par Kevo42

J’aurais pu être le premier au monde à rédiger un avis sur ce film, puisqu’il a été projeté en avant-première mondiale à Paris. Mais j’ai mis trop de temps, et je n’ai plus l’exclusivité. Aucune importance : tout le monde sait que la meilleure critique de ce film est à lire ici.

Le contexte de l’avant-première :

Mamoru Hosoda était déjà venu sur Paris présenter Summer Wars, et il faut croire que l’expérience lui avait plu, puisque l’avant-première mondiale des Enfants loups : Ame & Yuki a eu lieu le 25 juin 2012 à l’UGC les Halles. Apparemment, c’était une vraie avant-première mondiale, puisqu’aujourd’hui encore, le film n’a pas dépassé les 5 votes sur IMDB, preuve que le film n’est pas sorti au Japon (ou que les Japonais ne vont pas sur IMDB, ce qui est un autre problème). La société de distribution Eurozoom a mis les petits plats dans les grands, puisqu’étaient présents non seulement Mamoru Hosoda, mais aussi la charmante doubleuse de l’héroïne du film, et que les deux se sont prêtés à un jeu de question – réponse assez long, ce qui est une belle chose. En plus, on a eu droit à un joli porte clé en cadeau, et une petite affichette aussi, et c’est bien gentil.

Curiosité de la séance :

Les producteurs japonais (je suppose) en ont profité pour faire passer un questionnaire sur le cinéma d’animation japonais auprès des spectateurs. Si certaines questions étaient assez compréhensibles (quels sont vos animés japonais préférés, ce à quoi j’ai bien sûr répondu Ikki Tousen et Urotsukidoji) d’autres frisaient l’abstraction (en quoi le cinéma de Hosoda représente le Japon, au même titre que Nissan ou Sony ? J’imagine bien Christophe Honoré comparé à Peugeot au Japon : en voyant ces derniers films, on a envie de licencier des gens...) Surtout, une feuille recto-verso de questions ouvertes à répondre avant et après le film, c’est beaucoup de travail.

La question qui tue :

Une équipe de reporteurs japonais ont filmé la salle avant la projection mais aussi pendant. Qu’ont-ils bien pu filmer dans le noir ? Je ne sais pas.

L’histoire :

Parlons enfin du film. Retour très attendu de Mamoru Hosoda après la traversée du temps et Summer Wars, les enfants loups nous conte l’histoire d’Hana, une jeune étudiante, qui travaille le soir dans un pressing. A la faculté, elle rencontre un jeune homme beau et ténébreux. Elle ne sait pas qu’il cache un très lourd secret...

Un dessin-animé qui n’a rien à voir avec Twilight  

Les enfants loups est un film très simple. Au départ c’est une belle histoire d’amour entre une femme et une sorte de loup-garou, et ensuite c’est une belle histoire d’une femme qui élève ses enfants loups, avec les difficultés que cela entraîne. Hosoda ne cherche jamais à faire de son histoire une épopée palpitante pleine de suspens et d’enjeux dramatiques colossaux. Contrairement à Summer Wars, l’histoire entre les personnages n’est pas compliquée par des satellites tombant du ciel, ou par des bagarres virtuelles. Les enfants loups est un film ancré dans la vie quotidienne, et c’est ce qui en fait sa force et sa faiblesse.

Un film très beau, très subtil...

Force car le film est très subtil. Il est construit en différents actes, chacun devant répondre à une question très concrète : comment vivre avec un homme si différent, dans quel environnement faut-il vivre, comment survivre à la campagne, comment scolariser les enfants, etc. La question générale du film pourrait être : quelle part de nous privilégions-nous : celle au contact de la nature, ou celle au contact des hommes ? Mais aucune de ces questions n’est posée avec de gros sabots : comme dans the taste of tea de Katsuhito Ishii, le fantastique s’inscrit dans un cadre réaliste, les questions existentielles sont mêlées à des scènes de la vie quotidienne très banales.

L’effet obtenu est intéressant, car la direction artistique du film magnifique, son animation parfaitement réussie, et la ligne de conduite de l’histoire font qu’on a d’une part aucun mal à accepter l’histoire, même dans ses moments les plus fantastiques, et qu’on est d’autre part particulièrement frappé quand un événement fort se passe. Il y a deux trois scènes dans le film qui à mon avis vont durablement rester en mémoire des spectateurs.

Mais tout de même un peu ennuyeux

Faiblesse aussi car le film souffre tout de même de son manque d’enjeu dramatiques. Deux heures pour dire que la vie est dure mais qu’en s’entraidant on s’en sort, qu’on est bien heureux de vivre à la campagne et qu’ils sont mignons les enfants quand ils sont petits, il faudrait pas qu’ils grandissent, ce n’est pas très nourrissant.

A force de chercher à être subtil, Hosoda rentre dans l’idée qu’on se fait du cinéma japonais, plein de douce amertume, de langueur, tel qu’on en voit dans le cinéma de Kore-Eda, ou même dans sa forme la plus aboutie, dans le cinéma d’Ozu (ou en tout cas dans l’image qu’on s’en fait). Ca peut être une qualité comme un défaut, suivant votre degré de patience.

Surtout, il n’y a pas vraiment d’épreuve ou de difficulté. Une fois passé le grand drame, tout le monde est gentil, il n’y a pas de dispute, les voisins sont bougons mais solidaires, la mère un peu perdue au début, mais si courageuse qu’on en est un peu désarmé.

En soit, il n’y a aucun problème avec cela, mais le film fait du coup facilement 20 – 25 minutes de trop, parce qu’on comprend tout de même assez vite où Hosoda veut en venir.

Dernière remarque : la musique ne sort pas trop de ce qu’on attend d’un dessin-animé japonais, avec son piano et ses voix de jeunes filles en fleur, et ne nous sort pas non plus trop de notre torpeur.

Mais c’est quand même bien, non ?

Je suis tout de même moins enthousiaste envers les enfants loups : Ame & Yuki que je ne l’étais envers Summer Wars. En gardant la même durée, mais en enlevant la trame spectaculaire, Hosoda a un peu tendance à diluer la sauce et à illustrer la même idée par des séquences assez redondantes. Ces défauts sont très frustrants car le film est visuellement magnifique, et qu’il contient des scènes qui sont réellement belles et touchantes.

Un film qu’on conseillera donc aux gens qui n’ont pas peur des films un peu contemplatifs, aux gens qui ont beaucoup d’admiration pour les histoires d’une femme seule, et aux furries, qui trouveront incontestablement là le plus beau film de leur vie.

Pour en savoir plus

Le site officiel du film : http://www.enfantsloups-lefilm.fr/

La session de question - réponses à la suite du film

L’exposition organisée par la galerie Arludik : http://www.arludik.com/index4.htm

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0