L’histoire :
Mark est un garçon bien élevé. Il s’occupe de la mise au point pour un studio de cinéma. Fait quelques photos érotiques pour arrondir les fins de mois. Et de temps en temps, tue des femmes tout en les filmant.
Rien que de très normal, quoi.
Mon avis :
Michael Powell est un des réalisateurs les plus présents dans le top 500 du magazine Empire, et quand on voit le voyeur, on en est pas surpris. C’est tout simplement puissant.
Le film suit un double mouvement : si tout est montré dès le départ (pas de surprise quant à l’assassin), on ne sait pourtant rien de ce qui importe le plus, c’est à dire le pourquoi de l’affaire. Le premier mouvement est donc un mouvement d’explication : le passé avec son père, son obsession comme réponse à un traumatisme, et ce n’est qu’à la fin qu’on comprend pourquoi les victimes ne s’enfuyaient pas, figées par la peur. Et en même temps, le deuxième mouvement, c’est de toujours fuir une explication purement rationnelle, en introduisant des scènes qui déréalisent le film : la scène avec la mère aveugle et alcoolique, la scène de danse qui met mal à l’aise car le spectateur sait que le personnage est un tueur, mais la femme elle ne le sait pas, et toute cette histoire d’amour qui aboutit dans une fin ultra ambigüe.
Du coup, le film est très angoissant car complètement inattendu : on espère que la romance va "sauver" Mark (il devient un autre homme quand il pose sa caméra), mais on a aussi très peur pour l’héroïne, et on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer.
Karlheinz Böhm (François Joseph dans Sissi, la classe !) est excellent, à la fois innocent, timide et complètement inquiétant, car on sait qu’il est fou, et il ne cherche même pas vraiment à le cacher.
Le film est visuellement magnifique, et j’aimerais bien savoir s’il y a une copie blu-ray qui tache parce que quand on voit le travail sur suspiria, on se dit que ce film mériterait un traitement aussi fort.
Vu dans le dvd collection série noire de Canal, dont la copie est pas mal mais pas folle non plus, et qui possède un petit documentaire de 25 minutes plutôt intéressant avec des interventions très éclairantes de Bertrand Tavernier.