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Le Hobbit : la désolation de Smaug - Peter Jackson

mercredi 11 décembre 2013, par Kevo42

Après le Hobbit : un voyage inattendu, mais avant le Hobbit : le bassin (attention jeu de mot), voici la désolation de Smaug, qui met en scène notre ami le dragon, après moult et moult péripéties. L’occasion de voir si les Cumberbatcheuses seront en extase à l’écoute de la voix de leur idole.

Et si vous voulez une analyse un peu fouillée, le Fantabuleux blog est là.

Nous avions quitté nos amis nains et Bilbo après qu’ils aient été sauvés par des aigles. Toujours poursuivis par Azog le profanateur, ils vont continuer le long et difficile chemin qui les mènent jusqu’à Erebor, où les attend Smaug le dragon géant.

Partis pris d’adaptation : de livre indépendant à prologue au seigneur des anneaux.

La trilogie du Hobbit de Peter Jackson propose un curieux cas d’école. Si en livre, Bilbo précédait Frodo, nous sommes dans la situation contraire au cinéma. Toute la narration en est bousculé.

Bilbo version Tolkien était un roman relativement léger, entièrement consacré au périple des nains, et surtout à la ruse de Bilbo, personnage de bourgeois pantouflard qui se découvre aventurier.

Bilbo version Peter Jackson est un prologue au seigneur des anneaux. On a vu à quel point l’exercice peut être délicat avec la prélogie Star Wars : en racontant des aventures que tout le monde connaissait déjà, le scénariste était contraint par les événements clés qui empêchaient de véritables surprises, tout en décevant les fans qui s’étaient représentés les choses autrement. Dans le Hobbit, l’enjeu que s’est fixé le réalisateur de Brain Dead est le suivant : d’un côté adapter le roman, d’un autre côté l’étoffer pour que des choses évoquées en deux lignes (par exemple : le nécromancien) soient en fait des signes avant-coureurs du Seigneur des anneaux, qui ne se limitent pas à l’importance beaucoup plus grande donnée à l’anneau et à ses effets négatifs.

Ces ajouts ne sont pas absurdes, mais introduisent des problématiques nouvelles. Dans le Hobbit version roman, les elfes de la forêt de Mirkwood n’ont pas de noms. Mais dans le seigneur des anneaux, on apprend que Legolas vient de là-bas. Il était donc logique de le voir apparaître. Mais Peter Jackson refuse de n’en faire qu’un simple cameo, et va donc non seulement lui créer une intrigue, mais en plus lui joindre une elfe, Thauriel, parce qu’il faut bien qu’il parle avec quelqu’un.

En plus de créer de nouvelles intrigues, ces « ajouts » modifient aussi la narration originale : ainsi, si les événements racontés par Tolkien dans la forêt sont globalement là, leur narration est changée : la scène des tonneaux, qui dans le livre est une démonstration de la ruse de Bilbo, est ici l’occasion d’une époustouflante scène d’action.

Une narration de série télévisée

Ces ajouts rajoutent beaucoup de matière narrative, raison pour laquelle la division en plusieurs films n’est pas absurde. Mais ils ont aussi une conséquence inattendue, qui fait que le film est passé de un à deux films, puis de deux à trois films de 02h48.

Le Hobbit était un roman assez court, où les personnages allaient de périls en périls, chacun indépendants. Pour assurer le lien entre les films, Peter Jackson a rajouté tout ce qui fait la joie des amateurs de série télévisée : un fil rouge (la course poursuite d’Azog), des intrigues multiples (Gandalf et le nécromancien en plus de l’histoire principale), du développement de personnage (Barde plus présent, les nains sont bien plus héroïques que dans le roman), et même un des triangles amoureux les plus bizarres de l’histoire du cinéma.

Ce désir de ne laisser aucun trou, et de constituer un tout cohérent est méritoire mais a une double conséquence un peu négative :

- le Hobbit perd son statut de récit isolé avec sa propre tonalité pour devenir un épisode parmi d’autres de la saga Seigneur des Anneaux, d’autant plus que ce deuxième film a la mauvaise idée de se terminer par un cliffhanger

- tout ceci est parfois bien lourdingue. Il y a une raison pour laquelle Tolkien ne parle pas de la bataille contre le nécromancien, et c’est parce que c’est inutile. On veut voir le dragon. Et puis, malgré toute l’affection que je porte à Jackson, il n’écrit pas aussi bien que l’ancien professeur d’Oxford. Autant dire qu’il est parfois lassant d’entendre Gandalf parler de mal qui se réveille, en rajoutant « oh les amis, je ne veux pas vous quitter, mais il le faut, pardonnez moi », de même qu’on comprend relativement bien l’importance de l’arkenstone à partir du moment où l’artefact est mentionné toutes les cinq secondes.

Un film dont seul Peter Jackson est capable

Tous ces ajouts et changements dont je ne sais s’ils sont positifs ou négatifs, ne changent rien au fait que Peter Jackson est un formidable réalisateur de film d’aventure. Non seulement le film est très rythmé malgré son contenu assez bourratif, mais il est rempli de scènes d’actions époustouflantes, dont deux en particulier sont des extensions de situations du roman, qui servent à mettre en valeur les personnages, notamment les nains. Après avoir subi des films comme Thor, on apprécie vraiment de voir une mise en scène qui est non seulement épique, mais construite dans la longueur, les péripéties s’enchaînant dans une même séquence. Le climax par exemple passe d’une situation de chasseur à chassé d’une manière parfaitement naturelle, multiplie les décors imposants ainsi que les actions de bravoure, et se permet en plus de faire évoluer la psychologie des personnages.

Deux remarques avant de passer à la conclusion :

- Le fan-club de Legolas ne sera pas déçu : l’Elfe des bois est toujours aussi fort, et glisse sur tout et n’importe quoi, tel un Kelly Slater des terres du milieu

- La nouvelle zélande est toujours aussi belle, mais je me pose des questions sur l’architecture d’intérieur des Terres-du-milieu. Que ce soit chez les Gobelins du premier épisode, le palais des Elfes, ou Erebor, la tendance est systématiquement aux passerelles et aux couloirs au milieu du vide le plus profond, sans aucune rambarde. On en conclut qu’il ne vaut mieux pas être ni maladroit ni ivre, car le moindre faux pas semble fatal. Donc un message aux concepteurs des lieux : oui, les grands espaces, les statues monumentales en or, les escaliers monumentaux constituent un geste architectural fort, mais pensez à la sécurité de tous ! Comme le dit si bien le magnifique message de prévention réalisé par Guillaume Canet, et vu avant le film : amuse-toi, mais reste en vie !

Et alors c’est bien ?

Bien sûr que c’est bien. On peut reprocher ceci ou cela, on peut trouver le film trop riche en personnage et péripéties, tout ce qu’on veut, mais le plaisir que l’on prend devant les films de Peter Jackson n’ont pas d’équivalent. Fluide, globalement bien raconté, et rempli de séquences d’une virtuosité incroyable (je pense notamment à un coup d’éclat de Bombur complètement fou), le Hobbit, la désolation de Smaug est le blockbuster à ne pas rater.

Pour en savoir plus : d’après le Gorafi, Legolas a un sérieux problème de sex-tape.

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