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Elle s’appelle Ruby - Jonathan Dayton et Valerie Faris – 2012

lundi 22 octobre 2012, par Kevo42

Après Little Miss sunshine, le retour très attendu de Jonathan Dayton et Valerie Faris est surtout l’occasion de découvrir Zoe Kazan. Est-ce que comme Kaiser Chiefs vous chanterez Ruby Ruby Ruby après avoir vu ce film ? A vous de le découvrir en lisant cet article.

L’histoire :

Calvin Weir-Fields (Paul Dano) est un génie précoce de la littérature. Depuis qu’il a écrit un best-seller promis à rentrer dans l’histoire de la littérature à l’âge de 18 ans, il vit dans une belle maison, assuré de ne jamais être dans le besoin. Problème, il ne sait pas quoi écrire de nouveau, sa vie est un désert et ni son psy ni son chien ne semblent pouvoir lui venir en aide.

Quand il se met à imaginer une femme qui pourrait s’accorder avec sa vie, l’inspiration lui vient soudainement, une inspiration si vive qu’elle va avoir des conséquences inimaginables sur sa vie.

Une histoire d’amour compliquée

Elle s’appelle Ruby répond à une question qu’on s’est tous plus ou moins posé : quelle serait la femme (ou l’homme) idéal pour moi ? Et si je devais la rencontrer, est-ce que j’arriverais à vivre avec ?

Si le film part comme une franche comédie , la question se pose vite : quelle vie quotidienne quand la personne avec qui on vit n’est qu’une projection de nos fantasmes ? Et à l’inverse : quel amour quand la personne cesse d’être un idéal pour devenir une vraie personne, avec ses qualités, ses défauts, ses humeurs ?

Du coup, le film aborde une question pas si fréquente dans les comédies romantiques : comment faire pour que l’amour dure ? Ce qui au final, dans un monde où on peut facilement rencontrer des personnes via les sites de rencontres, suivant des critères très précis, est la vraie question.

Et la réponse que semble nous donner le film pourrait être quelque chose comme : avant d’aimer quelqu’un d’autre, commence par t’aimer toi-même.

Ah bah nous voilà bien.

Une francophonie étonnante

Un des points très surprenants du film est sa francophonie. Bon, ok, on a eu Françoise Hardy dans le dernier Wes Anderson. Ok, on a eu du Carla Bruni dans 500 jours ensemble. Mais Elle s’appelle Ruby dépasse toutes les bornes.

En vrac, on a : un héros looké comme Lorant Deutsch (c’est très perturbant, mais alors vraiment vraiment perturbant). Un intérieur de maison qui semble tout droit sorti d’un film de Christophe Honoré. Une héroïne qui se met à parler français sans raison (avec un petit accent charmant, qui plus est). Surtout, une bande-son très francophile, avec du Sylvie Vartan, et surtout du Holden, et ça c’est vraiment fort, car 1 – le groupe est pas du tout une référence évidente 2 – le titre choisi (une fraction de seconde) s’intègre parfaitement à la thématique du film 3 – le nom du groupe fait référence à Salinger, qui est un des modèles du personnage principal.

Conclusion, Zoe Kazan, en plus d’être la petite fille d’Elia Kazan, la scénariste et l’actrice principale (charmante) du film, en plus d’être la copine de Paul Dano, est une vraie francophile. Et c’est bien.

Une réflexion intéressante sur l’écriture

Elle s’appelle Ruby, en plus d’être une belle histoire d’amour, est une réflexion intéressante sur l’écriture. De manière étrange, il entre en résonance avec un film dont j’ai parlé ici il y a peu : a fantastic fear of everything. Dans les deux cas, on a deux écrivains en panne sèche, harcelés par leur éditeur, qui vont se débloquer de manière inattendue, en confondant leur art et et leur vie. Les deux films se répondent d’ailleurs sur leur scène plus ou moins finale, qui sont presque les mêmes.

Au delà de l’anecdote, Elle s’appelle Ruby amène un point de vue très intéressant sur l’acte d’écrire : on dit toujours que les écrivains partent de leur vie pour leur roman, que la connaissance de la biographie suffit à comprendre l’oeuvre. Mais le film apporte une nuance très importante : ok, écrire part de soi, mais ce n’est pas une transcription en 1:1. L’écriture, c’est une vie rêvée : la situation qu’on aimerait vivre, pas celle qu’on a vécu.

Dans le making-of d’un mauvais pantalon (Wallace & Gromit, le pingouin, ce genre de choses), Nick Park dit : Wallace c’est mon père, Wallace c’est moi, mais au final, il a pris sa propre vie, et quand j’écris j’essaie d’être à l’écoute du personnage, de me dire : est-ce que c’est quelque chose qu’il ferait.

Elle s’appelle Ruby décrit parfaitement ce moment où le personnage de fiction, aussi riche en détails et contradictions qu’on ait pu l’écrire devient plus riche que tout ce qu’on peut imaginer.

Un parallèle surprenant avec Ted

Dernier élément d’analyse, le film offre aussi un surprenant parallèle avec Ted, le film de Seth MacFarlane. Aussi bien Ted que Ruby sont les incarnations d’un compagnon idéal en réponse à une situation d’isolement déprimante. La différence, c’est que Ted est apparu quand le personnage avait 8 ans, d’où sa forme d’ours en peluche amateur de blagues de pet, et Ruby apparaît quand le personnage est adulte, d’où sa forme de fille en collant de couleur qui aime faire la cuisine et faire l’amour. Comme quoi, la psychologie masculine est pas si complexe.

Intéressant de voir comment à partir de ces points de départ assez proches, les deux films optent pour des choix de narration assez différents : Ted dérive assez vite vers le film à sketch, et la relation entre Wahlberg et l’ours en peluche passe régulièrement d’élément principal à élément secondaire du film d’une manière assez étrange. Elle s’appelle Ruby explore très en profondeur cette relation, à tel point que vers les trois quarts du film, on a l’impression que le film a tout dit et n’avance plus. Le dernier acte apporte heureusement une conclusion satisfaisante (et émouvante, je trouve, mais c’est discutable), à cette histoire.

La conclusion, quoi qu’il en soit, c’est qu’en cas de doute, coucher avec Mila Kunis est une solution toujours satisfaisante.

Bon, mais ce film est-il bien ?

Bah oui, on écrit, on écrit, mais au final, il est bien le film ou pas ? Moi, j’ai bien aimé. Le film est très différent de Little Miss sunshine (sûrement parce qu’il n’est pas l’oeuvre des mêmes scénaristes du tout), est beaucoup moins axé sur une galerie de personnages charismatiques (même s’il propose de très beaux seconds rôles comme le toujours sympathique Steve Coogan, et un caméo très surprenant pour jouer le beau-père, je vous laisse la surprise), est bien moins euphorisant, et plus concentré sur un sujet. Du coup, le film marchera d’autant mieux sur vous que vous tomberez ou pas sous le charme de Zoe Kazan : si vous la trouvez insupportable avec ses collants de couleur et ses sautes d’humeur, c’est foutu, si vous entrez dans le jeu, c’est gagné.

Le film a plein de défauts, mais j’avoue qu’entre celui-ci et Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare, je suis toujours assez friand de ce genre de film assez humble, mais qui dit plein de choses intéressantes sur ce qu’est une relation amoureuse compliquée.

Pour en savoir plus :

Une belle interview de Paul Dano et Zoe Kazan pour Collider

Une interview promo de Zoe Kazan pour ceux qui parlent bien anglais

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