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Blue Valentine - Derek Cianfrance - 2011

lundi 5 mars 2012, par Kevo42

Blue Valentine n’a pas eu une énorme carrière au cinéma, même s’il a marqué ceux qui l’ont vu en salle. Sa sortie en DVD combiné à la Ryan Gosling mania qui a déferlé sur la France nous donnent une très bonne occasion de donner une seconde chance à ce film. Il la mérite.

L’histoire

Dean (Ryan Gosling) et Cindy (Michelle Williams) sont mariés depuis cinq ou six ans, ont une petite fille, une petite maison, des jobs qui paient le loyer, et s’apprêtent à vivre une mauvaise journée. Une journée si mauvaise qu’elle risque de mettre en péril leur couple.

Mon avis.

Arte a diffusé il y a peu de temps un documentaire sur les films pour filles (Chick films) qui disait, entre autres choses, que dans la configuration actuelle, il était impossible de réaliser un film parlant d’un couple de manière réaliste. Mais ce qui est peut-être vrai dans le cadre d’un grand studio, ne l’est pas forcément dans le cadre d’un film indépendant. Et on peut être heureux qu’il existe des films aussi sincères et tristes que Blue Valentine.

Blue Valentine est en effet le récit d’une crise de couple comme on peut tous en vivre (bien que je ne vous le souhaite pas), qui n’est ni édulcorée, ni outrée comme cela a pu être le cas dans un film comme American Beauty. Cette crise est ici d’autant plus forte qu’elle est confrontée au passé du couple. Si le procédé n’est pas nouveau, il est ici particulièrement fort.

Tout d’abord parce qu’on y voit une histoire d’amour simple, crédible, tout en étant romantique et même presque magique : en témoigne la scène où Ryan Gosling chante dans la rue accompagné de son banjo. Cette scène, dans les mains d’un mauvais réalisateur,aurait pu être un moment honteux de romantisme bobo façon la guerre est déclarée. Ici, elle est juste gracieuse, comme une version parfaite d’un événement que l’on pourrait réellement vivre. Voir les personnages se déchirer est d’autant plus triste qu’on les a vu s’aimer avec tant de force.

Ensuite parce que le scénario, très travaillé dans sa structure, fait constamment se répondre le passé et le présent. Comme dans un film de Christopher Nolan (je pense au Prestige, ou à Memento) chaque élément dévoilé nous permet d’avoir une compréhension de plus en plus profonde du drame qui se déroule sous nos yeux, de la manière dont les personnages ont changé, de la façon dont leur amour s’est tari. Ces flash-backs ne sont pas qu’explicatifs, ils ont une fonction d’écho : par exemple à une bagarre dans le passé répond une bagarre dans le présent, mais ces deux bagarres n’ont pas du tout le même sens.

Blue Valentine n’est pas pour autant un tour de passe-passe de narration, mais un film extrêmement sincère. Cette sincérité se montre dans la simplicité avec laquelle cette histoire nous est contée, sincérité qui n’a pu être obtenue que grâce à un très gros travail sur le jeu des acteurs, la mise en scène, et la musique.

Derek Cianfrance a beaucoup travaillé dans le domaine du documentaire, et il en a certainement retenu la nécessité de laisser la vie se déposer sur la pellicule. Durant la gestation compliquée et longue de plusieurs années du projet, il a beaucoup travaillé les personnages avec les acteurs, réécrivant, adaptant l’histoire à ce qu’ils sont, pour être sûr d’obtenir les meilleures performances possibles. Le résultat est phénoménal, Michelle Williams n’a pas volé sa nomination aux Oscars pour ce film (manque de chance pour elle, en face il y avait la performance colossale de Nathalie Portman dans Black Swan) et Ryan Gosling est lui aussi simplement parfait. Le film fait réellement confiance à ses acteurs : si certaines scènes clés ont pu être improvisées de manière remarquable parce que la structure du film et ses enjeux ont été parfaitement assimilées en amont par les acteurs. L’impression de vie qui se dégage du film est très forte.

D’un point de vue technique, la volonté de centrer le film sur le jeu des acteurs passe par une réalisation simple, dans un style qu’on pourrait caricaturer de typique du cinéma Sundance. Cet aspect n’est pas gênant, parce qu’elle s’efforce surtout d’être au plus juste, de servir l’histoire.

L’utilisation de la musique de Grizzly Bear est à ce niveau significative : contrairement à beaucoup de films américains surlignant l’émotion à grands coup d’Elliott Smith ou de Nick Drake, les compositions du groupe indé américain sont discrètes, et pourtant déchirantes.

Blue Valentine est avant tout une tragédie de l’ordinaire, un film sur la mort de l’amour, sur la défaite face à la vie. Un film qui ne cherche pas à nous tirer les larmes tout en se situant à la pointe extrême de l’émotion. Un film qui éveille des sentiments extrêmement forts auprès de celui qui le voit.

Un film que je vous conseille donc de voir absolument.

Pour en savoir plus :

Le DVD du film propose des bonus d’un ancien temps, qui se réduisent à des notes d’intention écrites.

Du coup on ira plutôt chercher sur le net des renseignements sur le film

Par exemple un long entretien avec Derek Cianfrance donné au magazine américain interview :

www.interviewmagazine.com/film/derek-cianfrance/

Un entretien avec Ryan Gosling pour le site Denofgeek

http://www.denofgeek.com/movies/728046/ryan_gosling_interview_blue_valentine_controversy_and_nc17_ratings.html

Un entretien avec Michelle Williams pour le site Scott Feinberg.com écrit dans une police de caractère désagréable :

http://scottfeinberg.com/michellewilliamsinterview

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