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Bandes dessinées #1

mardi 30 juillet 2013, par Kevo42

Alors que la plupart des gens lisent beaucoup de bandes dessinées enfant, puis s’arrêtent en devenant adultes, je lis de plus en plus au fur et à mesure que je vieillis.

Du coup, pourquoi ne pas partager mes lectures avec les autres ?

Dans cette rubrique, je vous parlerai de ce que j’ai lu en quelques lignes, et après, vous pourrez frimer auprès de vos amis. Pensez à me remercier quand vous aurez rencontré la femme de votre vie grâce à moi !

Cette semaine : toujours plus de Bastien Vivès, un train, des japonais qui jouent à Bomberman en vrai, des femmes en mode commando, un préavis de mort, et surtout une BD à vous couper le squeele.

Freaks’ Squeele – Florent Maudoux

Une bd qui mériterait un dossier ! Une série pleine d’action à vous couper le squeele ! Freaks’ squeele a de multiples influences : comics, manga, heroic fantasy, Harry Potter, et bien sûr des références à l’univers du nanar et de la BD de gare (Florent Maudoux est un ancien forumer de BD trash, et cela se sent parfois).

Le dessin est vraiment superbe, même si peut-être parfois un peu raide, avec des pages en couleur qui assurent. Surtout la série séduit pour trois raisons :

- elle ne tombe pas dans le piège de la parodie, et se crée un univers qui lui est propre, extrêmement cohérent et palpitant

- les personnages sont très attachants, et on a vraiment envie de savoir ce qui va leur arriver. En plus, contrairement à Naruto où les personnages sont de gros handicapés de la drague, la séduction est au cœur de l’intrigue, avec même des scènes assez hot, mine de rien, qui en font une série plutôt pour grands ados minimum, je dirais.

- Les scènes d’action sont impressionnantes : les volumes jouent sur les différents rythmes, et si l’intrigue et les enquêtes ne sont pas sacrifiées, les scènes d’actions sont d’une belle ampleur. Rien que la scène des paréos du premier volume tranche du squeele par paquets de douze !

Cette série a de plus en plus de succès, et on commence à en voir débarquer les spin-offs, à tel point que le rythme de parution de la série principale a ralenti (le très attendu sixième volume débarque en septembre). On souhaite à Florent Maudoux de développer encore plus son univers pour en faire un nouveau Donjon, qui lui permettrait de faire connaître tous ses amis dessinateurs !

La bande-annonce à vous couper le squeele

Pour l’empire – Merwann et Bastien Vivès

Si vous avez lu mon dossier sur Bastien Vivès, vous savez l’admiration que je lui porte, et sinon, allez vite le lire.

J’essaie de tout lire de cet auteur, et me voilà donc avec Pour l’empire, une série en trois tomes sortie dans la collection Poisson pilote de Dargaud, qui décidément aura accueilli un peu tout ce qui fait la BD française actuelle.

Pour l’empire raconte l’histoire d’une escouade d’élite de la légion romaine. Après avoir défait les derniers barbares, les voilà à cours d’exploits et de batailles. L’empereur leur confie alors la plus périlleuse des missions : aller au delà des cartes et découvrir de nouvelles terres pour l’empire.

Si le premier tome pose les bases d’une série entre 300 et le Centurion de Neil Marshall, le deuxième tome laisse entrer une part d’étrangeté. Le troisième tome part lui complètement en sucette, tel le final de 2001 ou le troisième film du rebirth d’Evangelion.

Du coup, la série peut franchement diviser : d’un côté, j’aime bien l’idée d’un fantastique très romain, épique, et je pense assez bien documenté. L’histoire est vraiment intense et crue, notamment lors du second volume, qui interroge l’idée de virilité et de vigueur.

D’un autre côté, le troisième volume laisse assez circonspect sur ce que les auteurs ont voulu évoquer, en passant complètement dans une dimension fantastique. Pour ne pas spoiler, je ne discuterai pas de ce qu’il s’y passe, mais on est dans quelque chose de complètement inattendu. Comme lorsqu’on joue à un jeu vidéo, et qu’à la faveur d’un glitch, on se trouve pris au piège à l’intérieur d’un décor, dévoilant un paysage à la fois merveilleux et épouvantable.

Quoiqu’il en soit, tout ceci est vite lu, et si cette série se trouve dans votre bibliothèque, je vous invite fortement à l’emprunter pour vous faire votre propre idée.

La bande annonce qui a compris que la musique de Conan est supérieure à toutes les autres.

Amitié étroite – Bastien Vivès

Francesca est amie avec Bruno. Elle l’appelle tout le temps, le voit tout le temps, mais c’est juste un ami. Un ami un peu bizarre, qui préfère regarder des films japonais qu’aller en boîte avec elle et ses copines. Francesca sort avec des garçons, dont le beau Enzo avec son beau blouson en cuir avec son écusson aux couleurs de l’Italie. Bref, c’est une romance avec des jeunese.

Amitié étroite se situe à l’époque où Bastien Vivès se passionnait pour la série Coeur océans, les shows de télé réalité, et surtout pour l’Italie, sa langue, ses paysages, ses filles, et surtout pour le roman italien tre metri sopra il cielo avec ses personnages babi et step.

Par exemple ce strip datant de juillet 2008 à retrouver sur cette page : http://bastienvives.blogspot.fr/200...

Sauf que comme il s’agit de Bastien Vivès, il y a pas mal de mélancolie et des scènes de sexe plutôt très osées, même si très belles (vous risquez d’avoir des surprises si comme moi vous lisez dans le RER).

C’est donc bien, le dessin est beau, les couleurs sont très vives, les filles sont mignonnes et les gars virils, mais ce n’est clairement pas ce qu’il a fait de mieux. On sent qu’avec Elles, Le goût du chlore, Dans mes yeux, et donc Amitié étroite, il avait fait un peu le tour de la question.

Il était temps de passer à autres choses, et il a brillamment réussi avec Polina, et maintenant Lastman.

La bande-annonce en italien

No sex in New York – Riad Sattouf

J’étais complètement passé à côté de cette histoire en un volume réalisé par Riad Sattouf pour le journal Libération. En terme de ton, on est quelque part entre les Pauvres aventures de Jérémie pour le côté drague raté et galères du quotidien, et Retour au collège pour le côté enquête à la première personne.

No sex in New York nous conte en effet l’histoire vraie de Riad Sattouf parti aux Etats-Unis dessiner un reportage sur la reproduction des cigales, mais qui va plutôt se retrouver à parler de la misère sexuelle des expatriés vivant à New York.

Même si c’est une histoire un peu mineure par rapport à d’autres albums de Sattouf, on est quand même dans du très haut niveau : les situations sont aussi drôles que gênantes. La case où le pote de Sattouf se rend compte que l’amie française est en mode commando (je vous laisse découvrir ce que ça signifie) m’a fait mourir de rire.

A lire donc, pour compléter sa collection.

Ikigami – Motoro Mase

A une époque indéfinie mais contemporaine, dans un pays indéfini mais proche du Japon, Kengo Fujimoto livre l’Ikigami.

Qu’est-ce que l’Ikigami ?

Dans le cadre de la loi de prospérité nationale, tous les enfants qui entrent en école primaire sont vaccinés. Un sur mille de ces vaccins contient un poison mortel, qui se déclenchera entre 18 et 24 ans. Le but de cette action : faire prendre conscience à chacun de la brièveté de la vie, et ainsi de l’éprouver avec le plus d’intensité possible.

24 heures avant leur mort, les victimes reçoivent l’Ikigami, le préavis de mort.

Si ce manga a été adapté au cinéma, il semble surtout parfait pour une série. En effet, chaque volume contient deux histoires pour deux victimes. Les histoires ne sont pas liées les unes aux autres. Le fil rouge est incarné par le personnage de Fujimoto, qui va développer de plus en plus de doutes concernant la validité d’une loi censée apporter le bonheur mais qui ne fait que briser des familles. Ses doutes vont le mettre dans une situation difficile à tenir : il est interdit de critiquer la loi sous peine de prison et de rééducation, comme à la bonne époque de Mao en Chine, et les livreurs d’Ikigami sont particulièrement surveillés.

Ce qui intéresse essentiellement Motoro Mase est la question : que feriez-vous si vous n’aviez plus que 24 heures à vivre. Cette question avait certes reçu une réponse brillante par Pascal Obispo, mais celle donnée dans Ikigami est un peu plus pessimiste. Parce que, comme le disait si bien Heidegger, la mort est la seule possibilité qui se réalise toujours, mettant fin à tous les autres possibles. Tout ce que les personnages ont tenté de mettre en place, leurs espoirs, leur difficulté à vivre trouvent ici une résolution définitive.

Si le manga s’intéresse plutôt à ceux qui agissent face à la mort (tant il est vrai qu’il serait peu intéressant de voir quelqu’un assis sur son lit attendant la fin), les points de vue sont très divers : on y rencontrera des jeunes cadres en pleine ascension, des jeunes brimés, des personnes ayant mis leurs rêves de côté pour aider leur famille, des personnes brisées par la vie, des défenseurs absolus de la loi pour qui cette mort est un honneur, et tous ces personnages existent au-delà de clichés.

Chaque histoire ou presque se termine par une issue déchirante. Certaines images vous hanteront longtemps après avoir refermé le manga. Je pense par exemple à l’histoire du graffeur, et à sa dernière fresque.

Si la conclusion est un peu hâtée, elle nous fait comprendre le message de l’auteur : plus qu’un carpe diem un peu banal, il s’agit d’un vrai message politique : ne laissez jamais les autres décider de votre vie à votre place.

Ikigami est un manga extrêmement fort, à dix-mille lieux d’un shonen classique. Il s’agit en effet d’un seinen manga, destiné à un public adulte, ce qui implique une histoire très crue. Le destin est plus réaliste que dans bien des mangas, et peut donc être une bonne introduction à des personnes réfractaires à un style traditionnel, sans pour autant tomber dans le zen des histoires de Taniguchi.

La question de l’appréciation d’Ikigami se situe au delà de l’appréciation des codes narratifs du manga, dans la volonté de se confronter à ces histoires toutes plus dramatiques les unes que les autres. Si vous n’avez pas peur de prendre une claque émotionnelle, Ikigami est fait pour vous.

La bande-annonce du film

Btooom ! - Junya Inoue

Après Ikigami, on revient vers quelque chose de nettement moins iconoclaste avec Btooom !

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce manga n’a aucun rapport avec le basketteur français, ancien joueur du Mans.

Btooom ! C’est en effet le bruit de la détonation d’une bombe, bruit qui est au cœur de cette histoire.

Le héros s’appelle Ryota Sakamoto. Il vit chez sa mère, rêve d’intégrer l’industrie du jeu vidéo, mais subit échec après échec. A force, il est devenu un reclus, ne vivant plus que dans sa passion pour le jeu vidéo Btooom ! sorte de Shootmania / Call of Duty où tout se joue avec des bombes de différents types.

Un jour, il se réveille avec un violent mal de crâne, accroché à un parachute lui-même retenu aux branches d’un arbre : sur l’île déserte où il a a été amené malgré lui, il va devoir jouer au Btooom à bombes réelles. Qui l’a envoyé ici ? Dans quel but ? On peut imaginer que les prochains volumes nous en donneront progressivement les réponses.

Vous l’aurez compris en lisant ce petit résumé, Btooom se place directement dans la continuité d’œuvres telles que Hunger Games et Battle Royale pour le côté adolescents devant s’entre-tuer dans une nature hostile (même le principe des rations parachutés a été repris), avec un petit côté Doubt pour l’aspect jeu virtuel devenu réel, avec des histoires compliquées pour chacun des participants.

Comme il s’agit d’un seinen, le dessin est assez développé, mais beaucoup plus stéréotypé que dans Ikigami, les premières personnes rencontrées par notre héros étant un punk sadique, et une jeune lycéenne à gros seins toute droit sortie d’un high-school of the dead.

On aura aussi droit bien sûr à l’adolescent psychopathe, ce qui nous fait pas mal de clichés dans les deux premiers volumes que j’ai pu lire.

Malgré tout, pour peu que vous aimiez la violence, le sang, dans un esprit un peu exploitation où l’on hésite pas à montrer le pire pour après faire la morale, Btooom devrait vous plaire. Le dessin est propre, et bien que classique, l’auteur semble convaincu de son histoire et de la manière de la raconter au mieux.

Personnellement, j’aime bien, mais je suis capable de regarder Queen’s blade pour l’intrigue, donc autant dire que je suis bon public.

A suivre donc, pour voir où tout cela nous mènera (sûrement vers plus de nichon, de « non je ne peux pas tuer cette personne, il s’agit d’un être humain comme moi, mais bon, je n’ai pas le choix, et puis il est mauvais donc pas de regret », et surtout vers beaucoup de sang, j’en ai bien peur, la mort par explosion n’étant pas des plus propres).

Le transperceneige – Jean-Marc Rochette et Jacques Lob

Après une guerre atomique et climatique, la terre n’est plus qu’un désert de glace. L’humanité ne se résume plus qu’aux survivants entassés dans le transperceneige, train de loisir devenu arche de Noé.

On suit le personnage de Proloff (quelle subtilité dans le choix de ce nom !), échappé des wagons de queues où vivent les miséreux, et qui cherche à rejoindre les wagons de tête où vivent les plus riches et puissants.

Le transperceneige est une bande-dessinée datant de 1983, et elle symbolise bien cette époque. Contrairement au film qui semble raconter l’histoire d’une révolte des plus pauvres envers les plus riches, la bande-dessinée ne nous raconte que le voyage de Proloff vers les wagons supérieurs. Le désespoir y est généralisé : les pauvres s’entretuent, les militants humanitaires sont des benêts, les puissants trompent leur ennui dans le sexe et l’alcool, tandis que la locomotive perd imperceptiblement de sa puissance, petit à petit.

Si j’ai trouvé cette histoire assez intéressante, je n’ai pas non plus été fasciné. Il y a pas mal de facilités et surtout, il ne se passe au final pas grand chose, voire rien du tout. Juste des gens qui remontent un train en disant : ah là là, le monde va mal, les gens sont fous !

Graphiquement, on est dans du beau dessin français, il me semble assez représentatif de ce qu’on pouvait lire dans le magazine A suivre. Très bien réalisé, mais un peu froid.

Au final, il risque de clairement y avoir deux camps : les fans de la BD, qui penseront que le film sera passé à côté de la dimension cynique de l’histoire, proche dans son esprit de la narration d’une nouvelle. De l’autre côté, les fans de Bong-Joon Ho liront cette histoire comme la présentation de l’univers dans lequel se déroule le film.

A moins que le film n’adapte plus littéralement la suite parue au début des années 90 en deux volumes, et que je n’ai pas lu. Ce n’est pas impossible, puisqu’IMDB dit que le film est basé sur l’histoire de Jacques Lob (scénariste du premier volume), et de Benjamin Legrand (scénariste des volumes deux et trois).

Dans tous les cas, la série étant tombée plus ou moins dans l’oubli, on remerciera le film de l’avoir ressortie du placard.

La bande-annonce du film :

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